Le marché immobilier connaît un boom à Bagdad grâce au retour des riches exilés irakiens, à l'argent du pillage et à l'arrivée de provinciaux.

"Je viens de conclure la transaction d'une villa de cinq chambres et 500 m2 dans le quartier de Karrada pour à peu près 500.000 dollars. C'est le double de ce que j'aurais obtenu avant la guerre", indique un agent immobilier de Bagdad, Ali al-Chammari.

Karrada, dans le centre de la capitale, est l'un des quartiers les plus
recherchés, mais d'autres zones de la ville ont suivi la hausse des prix,
a-t-il ajouté.

Bien que les prix des maisons à Bagdad soient encore nettement inférieurs à ceux de la plupart des capitales, ils ont plus que doublé depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril, selon des agents immobiliers.
"Les Irakiens ont commencé à revenir de l'étranger. Ils ont beaucoup
d'argent et ils veulent acheter de grandes maisons", dit Ali Mohammad, un autre agent immobilier.

Des centaines de milliers d'Irakiens sont partis en exil sous Saddam
Hussein. Beaucoup ont fait fortune dans les pays arabes voisins, ainsi qu'en Europe ou aux Etats-Unis.

"Les autres personnes qui ont beaucoup d'argent sont celles qui ont
dévalisé les banques après l'arrivée des Américains", estime M. Chammari, ajoutant: "Ils payent en espèces".

Un troisième facteur d'inflation foncière est l'arrivée des provinciaux,
qui n'avaient pas le droit sous l'ancien régime d'acheter dans la capitale,
ajoute-t-il. Beaucoup d'entre eux achètent à des fins de spéculation, louant leurs maisons en attendant pour vendre que les prix continuent à monter, selon lui.

Mais, si l'insécurité ne semble pas décourager les investisseurs irakiens,
les étrangers se montrent jusqu'à présent peu enclins à risquer leur argent
dans une ville située dans une zone de guerre.

Les attentats à la bombe contre l'ambassade de Jordanie le 7 août et le
siège des Nations unies le 19 août ont révélé l'étendue du problème.

"Beaucoup d'étrangers sont venus me voir après l'attentat contre l'Onu, à
la recherche de maisons et de bureaux à louer", indique M. Mohammad.
"Avant, ils étaient dans des hôtels, mais ils ont estimé qu'ils seraient
plus en sécurité s'ils n'étaient pas regroupés avec beaucoup d'autres
étrangers", a-t-il souligné, précisant que cette demande avait contribué à la hausse des prix.

Selon Nasser al-Ajil, de la Société immobilière Tamdeen au Koweit voisin,
spécialisée dans les contrats de propriété internationaux, il faudra
certainement du temps avant que les investisseurs étrangers ne prennent le marché irakien au sérieux, en raison du danger.

Les étrangers ont à présent le droit d'acheter des propriétés en Irak, ce
qui n'était pas le cas sous Saddam Hussein, mais il y a des vides juridiques résultant de la chute l'ancien régime qui peuvent repousser les investisseurs potentiels.

"Pendant 30 ans, le régime a confisqué des terrains et des propriétés. Il y
a beaucoup de gens qui veulent récupérer leurs biens", souligne M. Ajil.
Il reconnaît que des étrangers pourraient être attirés par les prix bas et
en augmentation rapide de l'immobilier à Bagdad, malgré les risques.

"Mais où trouver ces gens ?", demande-t-il avec un grand rire.



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