CONJONCTURE. Malgré un retour à la croissance, l'année 2021 ne devrait pas permettre de retrouver le niveau d'activité de 2019 pour les acteurs du bâtiment francilien. Les entrepreneurs, quoique globalement satisfaits, sont d'ailleurs un peu moins enthousiastes qu'en début d'exercice selon la FFB Grand Paris Ile-de-France.

L'année 2021 devrait se conclure sur une croissance importante de l'activité de 13,4%. Après un exercice 2020 marquée par le début de la crise sanitaire, c'était attendu. Mais cette reprise n'est finalement pas à la hauteur des espérances pour la FFB Grand Paris Ile-de-France, puisque l'activité ne parvient pas à retrouver son niveau de 2019. En effet, le chiffre d'affaires, qui devrait atteindre 37 milliards d'euros selon ses prévisions, sera encore inférieur de 4,5% par rapport à son résultat d'avant-crise.

 

"Entendons-nous bien : la conjoncture est relativement bonne", soulève Philippe Servalli, premier vice-président de la fédération. Mais plusieurs ombres planent au-dessus du secteur en Ile-de-France. Les entrepreneurs, par exemple, semblent moins enthousiastes qu'en début d'année. 74% considèrent que l'activité au deuxième trimestre a été plutôt bonne, cependant la marge de leurs entreprises ne s'améliore pas. Un tiers estiment même qu'elle s'est détériorée en un trimestre.

 

L'entretien-rénovation quasiment à son niveau de 2019

 

Par ailleurs, leur ressenti varie beaucoup selon le type de marchés : le taux d'opinions positives sur le créneau entretien-rénovation est très élevée, 88% (+8 points par rapport au premier trimestre). En revanche, il s'écroule concernant le logement neuf (à 57%, -15 points en un trimestre) et pour le non-résidentiel neuf (à 62%, soit -17 points).

 

Dans tous les segments, l'activité se redressera cette année par rapport à 2020 : le neuf pourrait progresser de 18%, dont 21,5% pour le logement et 12% pour le non-résidentiel ; le chiffre d'affaires dans l'entretien-rénovation, de son côté, devrait augmenter de plus de 9%. Mais là encore, les chiffres sont en-dessous du niveau d'activité de 2019 : -7,5% pour le neuf, -1,6% pour l'entretien-amélioration.

 

La construction neuve à la peine

 

Les acteurs du bâtiment francilien émettent même de sérieux doute sur le redressement de la construction neuve. "Le logement francilien ne parvient pas à rebondir, estime même Philippe Servalli. Au premier semestre 2021, les mises en chantier ont progressé de 13,7% sur un an. Mais le niveau était faible au premier semestre 2020 et elles sont inférieures de 12,7% par rapport à 2019." Du côté des autorisations, ce n'est pas mieux, puisque la chute est encore de près de 20% au premier semestre comparée à la même période de 2019.

 

"La construction de locaux neufs ne s'améliorent pas non plus", regrette le premier vice-président de la FFB Grand Paris. Si les mises en chantier ont progressé de 44% sur un an, elles sont encore en retard de plus de 23% par rapport à début 2019. Tandis que les autorisations, même sur un an, chutent de 11%.

 

La pénurie des matériaux, autre source d'inquiétude

 

Cette absence de rebond inquiète le secteur, Philippe Servalli allant même jusqu'à penser que "la relance du bâtiment est menacée par la fragilité de la conjoncture dans le neuf, qui représente 46% du chiffre d'affaires en Ile-de-France". Ce n'est pas le seul point de vigilance.

 

En effet, l'augmentation des coûts et la pénurie des matériaux ont un impact direct sur la marge des entreprises d'une part. Elles affectent également l'exécution du plan de relance dans la région selon le premier vice-président de la fédération. "Les chantiers dérapent, prennent du retard", observe-t-il. Une situation qui pourrait s'aggraver à cause de récentes coupures d'électricité en Chine et de leurs impacts sur la production.

 

Inquiétude pour le premier semestre 2022

 

L'effet grands projets, lui, ne semble pas non plus bénéficier aux artisans, aux TPE et PME franciliennes, selon les représentants de la fédération. Même si 25% des travaux dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 doivent être réalisés par ces entreprises, "elles n'interviennent qu'en sous-traitant d'entreprises générales et la sélection s'opère donc au niveau national", se lamente Philippe Servalli.

 

Remboursement des prêts garantis par l'Etat, affaiblissement des trésoreries à cause des pénuries de matériaux, difficultés de recrutement toujours à l'ordre du jour pour les trois quarts des entreprises, autorisations de permis de construire qui ne se redressent pas… Même si les chiffres de 2021 ne seront pas mauvais et signeront la reprise du secteur, Philippe Servalli et la FFB Grand Paris Ile-de-France s'inquiètent déjà pour le premier semestre 2022 au regard du contexte.

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