Les objectifs de sécurisation du parc français seront atteints à l'horizon 2018, selon la Fédération des ascenseurs qui proteste contre le recul du calendrier imposé par un amendement de la loi sur le Logement. La Fédération, qui indique avoir mobilisé une main d'œuvre désormais plus efficace, alarme sur les effets dangereux d'un tel report. Explications.

Les ascensoristes entendent bien moderniser le parc d'ascenseurs français dans les délais prévus par la loi sur la mise en sécurité des appareils. Le calendrier de modernisation, établi en 2003 à la suite de plusieurs accidents graves et alors que le parc d'ascenseurs français est l'un des plus vétustes d'Europe, comporte trois volets : mise en sécurité technique, renforcement de l'entretien et contrôle technique. Il prévoyait plusieurs échéances, dont la dernière en 2018. Mais un amendement voté dans la récente loi sur le Logement de Christine Boutin et passé relativement inaperçu repousse de trois ans la fin de ce plan, à 2021. Ceci dans un contexte de critiques émises par des propriétaires jugeant ces travaux trop coûteux. «Tout nouveau report des échéances intermédiaires serait un signal démobilisateur cautionnant un attentisme et laissant perdurer des risques accrus par le vieillissement du parc», a estimé jeudi Jean-Pierre Cadeau, délégué général de la Fédération des ascenseurs (FA).

 

2.000 nouveaux emplois
La France compte 500.000 ascenseurs dont 450.000 accessibles aux personnes. Le secteur comprend plus de 20.000 salariés, et a réalisé en 2008 un chiffre d'affaires de 2,7 milliards d'euros dont 70% en maintenance et modernisation. L'un des freins souvent évoqué ces dernières années pour expliquer les délais des travaux de maintenance était le manque de main d'œuvre et le besoin de formation. Mais la fédération indique que près de 2.000 techniciens ont été recrutés dans le secteur en 2008, et que «l'avancement des travaux est maîtrisé, la dynamique est bien lancée, la mise en sécurité se fait progressivement. Un nouveau décalage des échéances n'a donc pas de raison d'être». La FA indique qu'à l'heure actuelle, 60% du parc concerné par la première tranche de travaux (qui s'achève en 2010) est traitée, la première échéance sera donc respectée «en grande majorité».

 

Le recul d'activité du bâtiment profite aux travaux de sécurisation
Outre la «meilleure fluidité» des travaux de mise en sécurité du fait des efforts de recrutement des entreprises mais aussi d'un «flux de commandes plus régulier et stabilisé», la Fédération note que le retournement de la conjoncture dans le secteur du bâtiment neuf «va libérer des moyens complémentaires au profit de l'activité travaux». Et d'insister que «tout report, en particulier des deux premières tranches de travaux (2010 et 2013), laisserait perdurer des risques majeurs amplifiés par les comportements actuels. Citons en exemple la fermeture complète de la gaine empêchant de passer la main ou la tête, la généralisation de la téléalarme qui permet une assistance efficace aux personnes bloquées, ou l'amélioration de la précision d'arrêt qui élimine la plus grande cause d'accidents».

 

Selon les chiffres de la FA, on compte en moyenne trois pannes par ascenseur et par an en France, et 1,35 million de pannes au total dont 70% sont traitées dans la journée. Environ 150.000 personnes se retrouvent bloquées dans les appareils chaque année.

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