L'architecture de terre dans tous ses états

«La terre a pendant longtemps été une matière première pour l’habitat, mais les ressources du matériau pour la construction restent encore largement ignorées. Peu ont franchi le pas allant de l’admiration de cette architecture-sculpture à l’idée que, peut-être, il y avait là une solution concrète, généralisable, à nos désirs de développement durable. En effet, pourquoi développer des cloisons et des super-isolants minces et, en parallèle, aller chercher à plusieurs mètres sous terre, par pompe à chaleur interposée, l’inertie thermique nécessaire à la climatisation, alors qu’un mur de terre peut apporter à la fois isolation et climatisation ? Pourquoi centraliser en usine puis transporter ce qu’un artisan peut faire sur chantier avec des matériaux locaux ? Technologie sans simplicité n’est que gadget. Ayons la modestie d’apprendre des constructeurs de Djenné, de Yadz, de Shibam ou de Shangrila»,Henri Van Damme, professeur à l’Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de Paris.

Le festival Grains d’Isère, «Du grain à l’architecture de terre», est un événement annuel en lien direct avec l’architecture en pisé de la région Rhône-Alpes. Pendant deux semaines (22 mai - 4 juin), étudiants, chercheurs, architectes, artistes et tout un large public se rassemblent autour de la terre crue en tant que matériau de construction, de création et de connaissances. Une mise en scène originale, à travers huit ateliers d’animations et de démonstrations, amène le spectateur à devenir acteur par la manipulation, le toucher et l’exploration de la matière. On y découvre les ressources inépuisables du matériau et de la matière d’un point de vue scientifique, artistique et économique.

De la boule à la cabane
Cet atelier propose aux enfants de partir du façonnage d’une simple boule de terre pour arriver à la construction de totems ou de cabanes. Il s’agit pour eux de mettre les mains à la terre, comme mettre les mains à la pâte, de faire, de créer des formes non pas pour faire des objets d’art mais pour questionner, par le toucher et la vue, leur rapport à la matière et au monde. Ils expérimentent la granularité de la terre et ses différents états, ses consistances, ses textures et ses couleurs. Et découvrent ses possibilités de réaction et de transformation.

Patrimoine et modernité
Le temps du festival, un circuit de découverte du patrimoine architectural local en pisé est organisé sous la forme d’une visite en car, commentée par un guide touristique, un géologue et un architecte. D’un autre côté, le festival est également un temps d’échange privilégié pour les chercheurs, les professionnels du bâtiment, les architectes, les étudiants et les artistes qui, ensemble, réalisent pour le grand public des constructions expérimentales, des prototypes, des installations et des créations artistiques. Le festival prend alors la forme d’un grand chantier qui investit totalement les Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau, à Villefontaine.

Faire le plus avec le moins
Les étudiants en architecture sont également mobilisés autour d’un projet manifeste de logements sociaux en nord Isère, dans lequel ils s'impliquent par la recherche de solutions innovantes (nouvelles formes d’habiter, mise au point de procédés de construction plus rapides à mettre en oeuvre et plus économes en matériaux et énergie) en résonance avec le développement local durable et les besoins des communes de Nivolas-Vermelle et Châteauvilain.