Le numéro un mondial de l'acier - qui a identifié une cinquantaine de marchés à fort potentiels pour l'acier dans le BTP - souhaite livrer à un horizon de trois ans 2 millions de tonnes d'acier supplémentaires en Europe sur un total de 10,2 millions déjà fourni au marché de la construction.

Pour assurer son développement, le numéro un mondial de la construction mise sur la croissance interne en renforçant ses positions sur le marché de la construction.
Pour Guy Dollé, président de la Direction Générale d'Arcelor qui s'exprimait à l'occasion d'une rencontre organisée par l'Association des Journalistes de la Construction, la construction doit être à côté de l'automobile, " le second pied stable et à rentabilité saine et durable du groupe ". Arcelor fonde donc de grandes ambitions sur le marché de la construction qui, selon Guy Dollé, "peut constituer un nouveau relais de croissance pour le groupe sans réaliser des opérations d'acquisitions".

Livrer 2 millions de tonnes d'acier supplémentaires en Europe sur un total de 10,2 millions de tonnes d'acier déjà fourni au marché de la construction en Europe "nous semble un challenge raisonnable à réaliser en 3 ans environ", a précisé M. Dollé. Traduit en volume de vente, ces 2 millions de tonnes correspondent à un chiffre d'affaires supplémentaire de 100 millions d'euros.

Aujourd'hui, le groupe détient une part de marché en Europe de 18% sur le segment des aciers de construction. Pour ce développer sur ce marché, Arcelor s'est doté d'une structure transversale commune : la " Building and Construction Support ". Cette équipe, pilotée par Pierre Bourrier, senior vice-président Construction d'Arcelor, est chargé d'exploiter le potentiel de croissance de ce marché. "Sur180 fonctions constructives qui emploient l'acier, nous en avons identifié et qualifié d'attractives pour le groupe une cinquantaine. Elles font appel à un seul produits sidérurgiques (porte, palplanches...) ou à plusieurs d'entre-eux de façon croisée (construction mixte acier-béton, tubes + poutrelles...)" explique Pierre Bourrier.
Toutes ne représentent pas forcément de gros marchés, mais "mises bout à bout, elles devraient pouvoir nous aider à atteindre notre objectif" précise Pierre Bourrier. Et le "Mr Construction" d'Arcelor de citer en exemple la maison individuelle, les portes, les planchers à faible capacité vibratoire, les luminaires de bureaux avec des peintures à forte réflexibilité ou encore les parkings aériens encore soumis en France à une réglementation caduque.

Cette volonté de développer l'utilisation de l'acier dans la construction en France, au détriment du matériau roi le béton, est un leitmotiv pour Arcelor. Pour Pierre Bourrier, les avantages liés à l'emploi de l'acier sont nombreux. "Tout d'abord, il n'y a pas de différence fondamentale au niveau des prix, mais l'avantage de l'acier est que l'on construit beaucoup plus vite. L'acier est également deux fois moins lourd que le béton, ce qui implique moins de fondations, moins de transports..." explique-t-il.

Pour argumenter ces propos, Pierre Bourrier cite volontiers en exemple les pays nordiques et anglo-saxons où la culture de l'acier dans le secteur de la construction est nettement plus développée que celle du béton.
"British steel a réussi à porter la présence d'acier dans les immeubles de bureaux de 35% à 65% en quelques années" déclare-t-il en expliquant que cette progression s'est accompagné d'un effort de promotion par British Steel puis Corus avec le "Corus Construction Center" qui emploie une soixantaine de personnes et dispose d'un budget de 69 millions d'euros.

Sensibilisation des étudiants en architecture à l'acier, mise en avant de l'intérêt de l'acier du point de vue de la protection de l'environnement (matériaux recyclable, chantiers propres...), actions de lobbying auprès des pouvoirs publics... Arcelor va donc passer à l'offensive.

Reste que le poids culturel du béton est encore très fort en Europe du sud, et particulièrement en France, pays qui a formé des générations d'ingénieurs influencés par Perret et autre Freyssinet. Le meilleur exemple de la difficulté pour l'acier de pénétrer le marché domestique est illustré par Styltech. Distingué à Batimat en 1995, ce système constructif de maison à ossature acier ne réussit guère à s'imposer sur le marché malgré ses nombreux avantages. En 2002, Arcelor devrait atteindre péniblement les 500 maisons construites avec cette technique. "Cela correspond à peine à trois minutes de train de laminage m'a dit un jour un directeur d'usine" se souvient, amusé, Pierre Bourrier qui n'a pas perdu pour autant sa foi en acier dans la construction.

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