QUARTIERS. Lors du Forum régional de l'ANRU en Ile-de-France, les acteurs du renouvellement urbain ont rappelé l'intérêt d'aller au-delà d'une simple politique du logement si l'on veut créer de manière durable des quartiers attractifs et mixtes.

Dans l'auditorium de la Cité des sciences et de l'industrie, à Paris, et face à une pléiade de personnels de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), le président et maire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Olivier Klein, a salué l'action de son institution, requinquée par le doublement de son budget mais pour qui les défis en Ile-de-France demeurent importants.

 

Déroulant la liste des équipements et opérations menés ou déjà livrés, Olivier Klein a rappelé qu'il "fallait qu'on voie des grues dans les quartiers". Il a toutefois concédé que "les projets franciliens sont souvent des projets complexes, dans une géographie politique particulière parce que la construction intercommunale a pris du temps". "Le portage n'est pas toujours à l'œuvre dans notre région, et c'est un euphémisme, et je trouve qu'on devrait s'imprégner de ce que l'on fait dans d'autres régions", a-t-il déclaré, cachant peu son agacement.

 

Passée cette petite pique à l'égard de la Métropole du Grand Paris, qui n'a toujours pas examiné son Plan métropolitain de l'habitat et de l'hébergement (PMHH), il était surtout question, pour Olivier Klein, de rappeler que l'ANRU n'était pas la clé de voûte du renouvellement urbain, mais une pièce du réseau de partenaires.

 

"Une politique du logement n'est rien sans une politique de l'habitat"

Plus tard dans la matinée, à l'issue de la table-ronde "Agir sur l'habitat, pourquoi ? pour qui ?", le ministre du Logement Julien Denormandie s'est fait le témoin "que tout cela est possible parce que l'on fait équipe", en référence au Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) doté de 12 milliards d'euros. Une enveloppe doublée par l'apport des bailleurs sociaux, d'Action Logement, de l'Agence nationale de l'habitat et des collectivités.

 

Cette nécessité d'articuler les compétences de ces différents acteurs illustre "l'idée qu'une politique du logement n'est rien sans une politique de l'habitat, notamment en matière de mixité sociale", a philosophé le ministre de la Ville et du Logement.

 

Des enjeux sur le cadre de vie et le développement durable

 

Le gage de mixité sociale dans les quartiers prioritaires de la ville s'appuie surtout sur l'intervention d'Action Logement, qui veut "faire revenir des salariés" dans ces lieux. "Nous avons tous les éléments qui permettent de faire un NPNRU réussi", plaide Jean-Baptiste Dolci, vice-président d'Action Logement…et de l'Anru. Pour cela, il faut recréer des équipements publics et des commerces, mais aussi gommer les stigmates de décennies d'oubli que les copropriétés dégradées portent sur leurs façades.

 

Un travail "sur le temps long", rappelle Valérie Mancret-Taylor, directrice général de l'Anah, qui consacrera deux milliards d'euros au programme Initiative Copropriétés. "Il faut savoir montrer qu'il se passe des choses au fur et à mesure et pouvoir donner de la visibilité, faire de la gestion urbaine de proximité à destination des copropriétés". Pour les habitants ballotés entre travaux et relogement, "le sujet est bien celui du cadre de vie mais aussi du développement durable", relève la directrice générale de l'Anah, qui appelle à "embarquer les habitants dans une démarche vertueuse de requalification de leur patrimoine".

 

"Comment faire en sorte que dans 20 ans, nous n'ayons pas à faire un énième NPNRU ?", s'est interrogé Julien Denormandie. Pour les acteurs du nouveau programme de renouvellement urbain francilien, il n'est pas question d'allonger l'acronyme du NPNRU ou de créer des villes nouvelles "bis" mais bien de dresser une planification urbaine de ces quartiers, pour qu'ils répondent au pari de la mixité sociale, de l'emploi et de l'attractivité.

 

 

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