Selon l'association professionnelle de l'énergie solaire (Enerplan), le marché du solaire photovoltaïque en France a explosé en 2007. Pourquoi ? Quelles sont les avantages du procédé ? Son avenir ? Les réponses avec avec Jean-Louis Bal, directeur des Energies Renouvelable au sein de l'Agence de l'Environnement et de la maîtrise de l'Energie (Ademe).

Selon Enerplan, le marché du solaire photovoltaïque français atteindrait 45 MW dont 40% dans les Dom et 60% en métropole pour 2007. Ce résultat représente une hausse de 200%par rapport à 2006.

De son côté, le solaire thermique a totalisé 323.000 m2 de capteurs installés soit une puissance de 226 MW, en hausse de 15% par rapport à 2006, ajoute l'association Enerplan dans un communiqué.

Au total, en métropole, on compte moins de 37.000 chauffe-eau solaires individuels, équivalent à 165.000 m2, vendus en 2007, contre plus de 150.000 m2 en 2006. Environ 4.600 systèmes solaires combinés, équivalent à 48.000 m2, ont été vendus en 2007, contre 51.000 m2 en 2006. Environ 40.000 m2 d'eau chaude solaire collective a été produite contre 22.000 m2 en 2006.

Situation du marché avec Jean-Louis Bal, directeur des Energies Renouvelable au sein de l'Ademe.



Batiactu : Aujourd'hui, combien de foyers en France sont équipés de manière à récupérer l'énergie solaire ?



Jean-Louis Bal : En 2006 au niveau de la métropole, 26.000 foyers se sont équipés de chauffe-eau solaires et 3.800 d'un système solaire combiné, alliant eau-chaude sanitaire et chauffage. Pour 2007, nous ne disposons pas encore des chiffres mais seulement d'estimations. Elles tournent autour de 30.000 foyers équipés en chauffe-eau solaires et de 5.500 foyers équipés en systèmes solaires combinés. Depuis le début 2000, c'est environ 93 000 foyers qui se sont équipés d'un chauffe eau solaire et 12 000 d'un système solaire combiné. Au niveau du photovoltaïque, 1.600 foyers se sont équipés en 2006 avec une moyenne d'environ 3 kW par installation. Pour 2007, il semblerait que 3.000 foyers aient opté pour cette solution. En tout, en cumulant les chiffres depuis 2005, date de l'expansion du photovoltaïque en France, on atteint actuellement un chiffre de 5.200 foyers équipés.







J-L. B : Le marché du solaire a commencé à se développer à partir de 2000 grâce notamment aux subventions, accordées à cette époque par l'Ademe et les conseils régionaux aux personnes équipées d'installations solaires. Le facteur décisif a été le crédit d'impôt mis en place en 2005 sur les dépenses liées aux équipements. Depuis le 1er janvier 2006, son taux est d'ailleurs passé de 40 à 50 %. En ce qui concerne le photovoltaïque, la mise en place d'un tarif préférentiel de rachat de l'électricité à EDF, allant de 30 à 55 centimes d'euros /kWh (c'/kWh) - si les panneaux sont harmonieusement intégrés au bâtiment -a également joué un rôle moteur.



Batiactu : Alors justement, comment sait-on que les panneaux sont bien intégrés sur le bâtiment ?



J-L. B : Ce sont les Drire (Directions Régionales de l'Industrie de la Recherche et de l'Environnement) qui sont chargées de décider si l'intégration donne droit au tarif d'achat à 55 c'/kWh. Chacune a en sa possession une description précise des fonctions que doivent remplir les panneaux. Mais les règles d'obtention de ce tarif très préférentiel vont être très prochainement mieux définies. Un comité constitué par le Ministère de l'Ecologie et composé de membres de l'Ademe du Syndicat des énergies renouvelables et d'architectes, doit se réunir prochainement pour approuver une liste de produits éligibles à cette intégration.



Batiactu : Quels sont les avantages à utiliser cette énergie ?



J-L. B : Avec les aides financières et le crédit d'impôt, le solaire est un investissement rentable sur le long terme. L'installation d'un chauffe eau -solaire engendre par exemple une économie de 150 à 200 euros par an et celle d'un système combiné peut faire économiser entre 60 et 70% par an sur sa facture de chauffage et d'eau chaude. Reste l'option du photovoltaïque. 30 m2 de panneaux produisent en moyenne 3.000 kW/an, ce qui fait ? au tarif de 55 c', une recette de 1.600 ?/an pour un investissement de 21.000 ? ou plutôt 13.000 ? après déduction du crédit d'impôt. Une somme qui sera rentabilisée au bout de 7 ou 8 ans.



Batiactu : La carte d'ensoleillement de la France permet-elle de développer le solaire sans restriction sur tout le territoire ?



J-L. B : On ne peut pas nier que selon la région où l'on habite, le rendement ne sera pas le même pour toutes les installations. Ainsi à Nice, en mode photovoltaïque, on va pouvoir produire sans surprise 50% d'électricité en plus qu'à Dunkerque. Avec le solaire thermique, c'est encore un autre cas de figure car il n'est pas toujours évident de faire correspondre sa production avec ses besoins.



Batiactu : Peut-on parvenir, grâce au solaire, à rendre sa maison complètement autonome en énergie ?



J-L. B : Il me semble difficile d'être autonome avec du solaire thermique. En revanche, dans les maisons dîtes passives ? très répandues dans les pays nordiques-, il est devenu possible de couvrir l'ensemble des besoins thermiques en combinant le solaire photovoltaïque avec une autre énergie, en maîtrisant les différentes sources de chaleur et en veillant à ce que murs et fenêtres soient bien isolés et présentent une bonne étanchéité à l'air.

Pour la production d'électricité, il existe déjà quelques milliers d'habitations autonomes grâce au photovoltaïque en zones trop éloignées du réseau électrique, mais qui nécessitent un stockage d'électricité. Il faut bien choisir son type de batterie pour qu'on puisse les charger et les décharger sans qu'elles en souffrent. Et également penser à les renouveler car les batteries ont une durée de vie estimée à seulement 7 ou 8 ans.

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