A l'heure où les projets de gratte-ciels tertiaire ou d'habitation se multiplient aux quatre coins de la planète, certains ont imaginé une solution regroupant ville et campagne dans une même tour. De la ferme verticale issue de la théorie d'un scientifique américain, à la Tour Vivante née dans l'esprit d'architectes français, les concepts font des émules. Habitation, activités et production agricole à tous les étages… Visite guidée.

Professeur de sciences environnementales et de microbiologie de l'université américaine de Columbia, Dick Despommier est parti du constat que d'ici à 50 ans, nous serons quelque 9.5 milliards d'habitants sur terre, et qu'il n'y aura donc plus assez d'espace pour nourrir le monde.

D'où l'idée très idéaliste de créer des fermes où l'on ne cultiverait plus de manière horizontale, mais verticale ! Loin des préoccupations écologiques, environnementales, géographiques ou encore politiques, la ferme verticale (www.verticalfarm.com) n'aurait pour finalité que de nourrir la planète.

C'est en tout cas l'interprétation du cabinet d'architectes SOA, co-dirigé par Pierre Sartoux et Augustin Rosenstiehl, qui a donné naissance, en 2006, à un projet audacieux, mais lui aussi utopique : la Tour Vivante (www.ateliersoa.fr). Le projet de l'agence sort lauréat du Concours Lafarge Cimbéton et présente une idée pour intégrer une ferme agricole dans une ville. A l'époque, les deux architectes n'ont pas encore entendu parler de la théorie de Despommier. Ils entrent rapidement en contact et, au terme de nombreux échanges, créent un véritable phénomène sur le web et dans la presse. Le soufflé retombe, puis, début 2007, des agronomes du CNRS s'intéressent à nouveau au projet français.

Du rêve à la réalité

Peu à peu, l'utopie se rapproche du réel et le concept de Tour Vivante dérive vers un projet plus concret. Le Cabinet SOA se lance alors dans l'idée d'une «ferme urbaine». «Le principe est d'utiliser les déchets alimentaires dans les villes, pour créer un engrais liquide très puissant qui alimenterait les cultures», précise Pierre Sartoux. «Notre but n'est pas de dire qu'on va sauver le monde !», renchérit-il. Mais d'expliquer que face à la crise pétrolière, une des solutions serait de réduire les déplacements alimentaires et de marchandises. «Nous voulons essayer de produire en ville ce que l'on consomme», ajoute l'architecte. Ainsi, la «ferme urbaine» - qui ne serait pas forcément une tour - serait un espace où l'on produirait et vendrait fruits et légumes (tomates, fraises, salades…). «Une solution, moins pharaonique [que celle de Dick Despommier, ndlr], pourrait consister à continuer de cultiver les espèces locales de façon traditionnelle et de fabriquer des micro-climats dans des fermes urbaines destinées à la culture de végétaux importés des 4 coins de la planète afin d'éviter le transport», ajoute un communiqué du cabinet. Exit les logements et autres espaces de bureaux comme dans le projet originel, le bâtiment ne servirait plus qu'à la production et la vente. «Nous ne voulons pas créer une ville écologique, mais rendre la ville écologique», nuance Pierre Sartoux.

A ce jour, le projet n'a pas encore eu d'échos auprès des collectivités françaises, mais des contacts sont en cours avec des pays d'Asie et du Moyen-Orient.

Tour d'horizon



Fiche technique de la Tour Vivante

Commanditaire : Lafarge Cimbéton

Date : 2006

Architecte : soa architectes

Pierre Sartoux & Augustin Rosenstiehl

BET : SETEC & Dr Dickson Despommier

Programme mixte tertiaire et services :

bureaux, logements, commerces, centre de production horticole hors sol.

Nombre d'étages : 30

Surface totale : 50.470 m² de Shon

Coût estimatif : 98 100 000 €HT

Hauteur : 112 m hors éoliennes (140m avec les éoliennes)

Énergies : cellules photovoltaïques :

4500m² en façade ; capteurs solaires sous vide au sommet : 900m² ; une usine à vent de 2 éoliennes au sommet.




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