En Inde, le numéro deux du photovoltaïque français vient de décrocher un appel d'offres gouvernemental en proposant le prix par kilowattheure le plus bas des 28 offres proposées. Une proposition agressive qui devrait, selon Thierry Lepercq, président du groupe, permettre à Solaire Direct de se placer sur un futur marché d'envergure mondiale.

Dans le sous-continent indien, Solairedirect entend répéter la formule appliquée en France : devenir un opérateur intégré présent en amont de la chaîne de valeurs de la filière photovoltaïque. Aussi, la société a-t-elle participé - et remporté - un appel d'offres organisé par New Delhi pour la « Mission solaire nationale Jawaharlal Nehru » (JNNSM), une initiative pour la promotion de la croissance durable en Inde, tenant compte des problèmes de sécurité énergétique et de changement climatique. Comparable à un Grenelle de l'Environnement indien, le programme fixerait un objectif de capacité de production de 22 Gigawatts pour le photovoltaïque en 2022.

 

Il s'agira donc pour l'entreprise française de réaliser, dans un premier temps, une centrale solaire d'une puissance de 5 MW dans le Rajasthan, au nord-ouest du pays, la zone qui bénéficie du meilleur ensoleillement. Afin de remporter ce contrat, qui faisait partie d'un 2e lot d'attribution pour un ensemble de 350 MW, Solairedirect a tiré les prix vers le bas. Beaucoup plus bas que tous les autres concurrents (y compris les indiens Welspun et Mahindra, que l'américain Sun Edison ou que des entreprises allemandes et britanniques) : 7,49 roupies/kWh soit 0,11 €/kWh, un prix un tiers plus bas que celui habituellement pratiqué pour l'électricité solaire en Inde.

 

« Du solaire ultra-frugal et ultra-efficace »
L'industriel français viserait même la parité réseau locale dans les quatre ans. Un plan ambitieux qui s'appuie sur des données statistiques : aujourd'hui, 50 GW d'électricité proviendraient de générateurs Diesel, qu'il serait possible de remplacer par des centrales photovoltaïques. Interrogé par Les Echos, Thierry Lepercq attribue cette chute du prix, tout d'abord à la baisse du coût des modules, passés de 3,5 € en 2008 à 0,60 € en 2011. En rendant accessible l'électricité aux 300 millions d'indiens qui en sont encore privés, Solairedirect espère bénéficier du même boom que la téléphonie mobile dans ce pays il y a dix ans : « Celle-ci s'est développée en faisant les prix les plus bas au monde et, aujourd'hui, 800 millions [d'Indiens] ont un mobile. A l'époque, cela aurait semblé impossible. [Mais] dès lors que l'on touche le bon prix, on solvabilise un énorme marché ».

 

D'après le dirigeant, l'Inde devrait rapidement devenir le 2e marché mondial du solaire, derrière la Chine. Le groupe français bénéficiera alors de davantage de personnel et de chiffre d'affaires localement qu'en France : Solairedirect a ouvert une filiale à Pune (Maharashtra, ouest) en juillet 2010. La société pourrait donc réussir son pari, faire du solaire « ultra-frugal et ultra-efficace » puis exporter son savoir-faire vers les pays émergents, Afrique en tête.

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