Marseille, qui déploie beaucoup d'énergie pour décrocher l'organisation de la Coupe de l'America en 2007, mise sur cette compétition pour accélérer sa mutation, en espérant récupérer jusqu'à "dix fois la mise".

"Certains n'imaginent pas tout ce qu'une victoire peut changer pour Marseille", confie-t-on dans l'entourage du maire Jean-Claude Gaudin (UMP). Le site qui abritera les manifestations durant trois ans doit être choisi avant le 15 décembre. Marseille est en concurrence avec Valence (Espagne), Lisbonne-Cascais (Portugal) ou Naples (Italie).

La cité phocéenne a fait ses comptes et table sur 1,4 milliard d'euros de retombées économiques pour des investissements estimés à 120 millions d'euros, "inférieurs à ceux de Jeux Olympiques ou d'une Coupe du monde de football, car il y a moins de travaux à réaliser", selon la mairie.

La ville est déjà engagée dans la plus importante opération de réhabilitation urbaine menée actuellement en France. Quelque 310 ha sont en chantier, notamment le long de 2,7 km de façade maritime. Les docks ont été refaits, un tunnel creusé... Que la Coupe soit décrochée ou pas, un silo va être transformé en complexe culturel, le métro prolongé, le tramway installé, et les quais réaménagés.

L'arrivée de la Coupe de l'America donnerait un coup de fouet à cette mutation, d'autant que l'Etat s'est engagé à contribuer aux infrastructures à hauteur de 40 millions d'euros.

La cité phocéenne veut prendre de vitesse celle qu'elle considère comme son principal adversaire, Valence. Pour démontrer sa "capacité d'aller vite", elle doit entériner lundi la construction d'un abri-port à l'entrée du Vieux Port et le prolongement d'une digue.
Pour convaincre la société AC Management chargée des intérêts du détenteur suisse de la Coupe, Alinghi, les élus marseillais n'ont pas hésité à mettre entre parenthèses le projet initial de réaménagement du fort St Jean, où devait s'implanter le musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MUCEM) à côté d'une Cité de la mer. La réalisation de ce projet pourrait être être reportée, le site étant d'abord dévolu à l'amarrage des yachts des sponsors et des voiliers de la quinzaine de syndicats participants.

L'événement pourrait également permettre d'agrandir le port de l'Estaque, au nord. "Nous voulons faire progresser notre dimension nautique", plaide Jean-Claude Gondard, secrétaire général de la mairie, qui coordonne la candidature marseillaise.

Avec des bases nautiques en pleine ville, un immense balcon sur la mer, une rade offrant plusieurs parcours de régate en fonction du vent, la ville, qui bénéficie de la desserte du TGV, a des atouts à faire valoir. Selon des spécialistes de la Coupe de l'America qui ont requis l'anonymat. Les Suisses ont été impressionnés par "la façon très professionnelle" dont ont travaillé les Marseillais qui "ont joué le jeu à fond".

La candidature pécherait en revanche par les craintes de conflits sociaux, ainsi que par une capacité hôtelière et résidentielle limitée. Pour passer de trois à quatre millions de visiteurs par an, la ville compte notamment sur la construction de cinq hôtels de luxe. Des paquebots de croisière pourraient aussi servir d'hôtels flottants.

Trois mille emplois directs et trois mille induits sont attendus d'un succès, qui favoriserait le tourisme et confirmerait la "renaissance" de la cité phocéenne. "Il y a dix ans, la seule fierté de la ville c'était l'OM, explique M. Gondard. Accueillir la Coupe parachèverait l'évolution psychologique de la ville longtemps marquée par la spirale du déclin".

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