Les succès d’une poignée d’architectes français et de quelques grands groupes en Chine ne doivent pas masquer que la France accuse un déficit commercial grandissant avec la Chine et se montre encore très prudente dans ses investissements vers ce pays en pleine croissance.

Le président chinois Hu Jintao a entamé lundi une visite de quatre jours en France, au cours de laquelle les relations économiques entre les deux pays seront largement abordées.
Alors que la Chine est devenue en 2002 le premier pays d'accueil au monde des investissements étrangers -61% d'entre eux proviennent cependant d'autres pays d'Asie - la France n'occupe que le 8ème rang de ces investissements avec 1,2% du stock accueilli par la Chine, et le 3ème rang européen derrière l'Allemagne (1,8%) et le Royaume-Uni (2,4%).
Ainsi, la Chine n'a représenté que 0,6% des investissements réalisés par la France en 2002, venant au 16ème rang après... le Pérou.

A l'heure actuelle cependant, 5,1 milliards d'euros sont investis en Chine, où les plus grands groupes français sont représentés dont les fleurons de l’industrie de la construction comme Lafarge, Saint-Gobain ou Schneider.
Au total 500 entreprises françaises sont présentes en Chine, totalisant 900 implantations et 150.000 emplois.

Pour défendre les intérêts français, le ministre français de l'Economie et des finances Francis Mer avait appelé en décembre à Pékin à "multiplier les visites et les échanges", soulignant que le chancelier allemand Gerhard Schroeder a déjà effectué cinq visites en Chine (ndlr : Jacques Chirac n'en a effectué que deux).
Il avait aussi exhorté les petites et moyennes entreprises (PME) françaises, qui exportent peu, à ne pas avoir de "complexes" dans leur conquête du marché chinois.
Mais les PME restent encore frileuses. Seules une centaine de françaises - comme le fabricant de clôture Dirickx - sont aujourd'hui présentes en Chine.
"Malgré une accélération des flux depuis cinq ans, la Chine n'apparaît pas encore comme une destination prioritaire des investissements français à l'étranger", constate la Mission économique française en Chine.

Les choses sont pourtant en train d’évoluer assez rapidement, notamment sous l’impulsion des pouvoirs publics. En août, le ministre délégué au Commerce extérieur, François Loos, avait considéré qu'il "est urgent d'aider nos entreprises à être plus présentes sur ces marchés où le potentiel de croissance est élevé" et Bercy a mis au point un "plan d'action commerciale" à destination des Petites et moyennes entreprises (PME), au moins pour renforcer leur information sur les opportunités de faire des affaires avec la Chine.

Les architectes français n’on pas attendu le «feu vert» du gouvernement pour investir la Chine. Depuis plusieurs années, une dizaine d’agences réalisent projets sur projets et ont installé des bureaux ou une représentation en Chine (l’association avec un partenaire local est obligatoire).
C’est notamment le cas de Duthilleul, Dubosc et Landowski, Bechu, Hurpin, DMT, Architecture Studio, Charpentier et bien sûr Paul Andreu qui, avec la réalisation de l’Opéra de Pékin, a acquit un véritable statut de star.

Alors que l’organisation des Jeux Olympiques de Pékin est le prétexte idéal pour remettre à plat une organisation indispensable des villes, l’expérience étrangère et la créativité françaises sont particulièrement recherchée. C’est ce qui fait dire à Philippe Jonathan, architecte et ancien élève de l’université Qinghua de Pékin (la plus prestigieuse des écoles chinoises d’architecture) que «le voyage en Chine, comme naguère le voyage à Rome, n’est pas sans doute la plus mauvaise méthode pour retrouver le chemin de l’innovation».

En illustration : la nouvelle gare de Shanghaï réalisée par Jean-Marie Duthilleul.

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