Si le remplacement de produits a profité aux pompes à chaleur dans le secteur tertiaire en 2010, la baisse des ventes s'est poursuivie dans le résidentiel, selon les chiffres de Pac Clim Info et de l'Afpac. Les professionnels comptent notamment sur la hausse du prix du pétrole pour attirer à nouveau vers leurs produits.

La baisse des ventes a été moins importante qu'en 2009 et certains produits ont su tirer leur épingle du jeu, mais 2010 s'est tout de même achevée sur des chiffres décevants dans le domaine des pompes à chaleur et systèmes de climatisation. D'après les associations Pac Clim Info et Afpac, qui ont réuni leurs statistiques pour la première fois, la crise économique, conjuguée au prix plus attractif des énergies fossiles, n'y est pas étrangère. Les professionnels se disent également victimes de la baisse du crédit d'impôt et… du succès du photovoltaïque, «car nous avons la même cible de consommateurs». L'autre explication pour bien comprendre les chiffres des deux associations est la poursuite du destockage des produits achetés en masse par les distributeurs après l'explosion du marché des PAC en 2008 ; en effet, les statistiques données par Pac Clim Info et l'Afpac concernent les appareils vendus aux distributeurs, et non les produits effectivement installés chez l'utilisateur.

 

Sur le marché tertiaire, ce sont «le petit tertiaire et le milieu hospitalier qui s'en sortent le mieux», explique Thomas Dupire de Pac Clim Info. Dans le milieu hospitalier, les ventes de centrales de traitement d'air ont perdu 6% en 2010, mais les chillers s'en sortent bien avec une augmentation de 14%, «car le marché du remplacement est en hausse», note Thomas Dupire. Pac Clim info indique que «les unités de confort souffrent davantage d'une concurrence technologique», et que 2011 devrait à nouveau voir les ventes augmenter, d'autant que les gros investissements gelés jusqu'ici devraient reprendre. A noter que les chillers à condensation par air représentent 82% des produits vendus en 2010.
Sur le marché de la climatisation commerciale, l'activité consiste essentiellement au remplacement d'appareils, «car il y a de moins en moins d'ouvertures de grandes surfaces», constate Didier Metz, président de Pac Clim Info. Les rooftops, après avoir perdu 18% en 2009, sont à -3% en 2010, et la baisse devrait se poursuivre. Les DRV, en revanche, sont en progression de 5%, la majorité des ventes ayant lieu pour la rénovation dans l'hôtellerie, les agences bancaires, etc.

 

Reprise en fin d'année
Du côté résidentiel, «après deux années 2008 et 2009 difficiles, le marché reprend des couleurs», expliquent Pac Clim Info et Afpac en commentant les chiffres : pour les pompes à chaleur air/air la hausse est en effet de 14% par rapport à 2009, avec 379.000 unités extérieures de split et multi-split vendues. Mais les produits monosplit réalisent la meilleure augmentation, à 20% de plus que l'année précédente.
En revanche, les systèmes aérothermiques ont perdu 42% en 2010, après une chute de 23% en 2009. Un retournement que les professionnels expliquent par la baisse du prix du pétrole «qui n'a pas aidé les ménages à investir dans une pompe à chaleur» et les annonces de modification de la loi des finances 2011, «et le fameux coup de rabot sur les ENR».

 

Après un ralentissement brutal au deuxième quadrimestre 2010, «l'ensemble des produits a ressenti une reprise en fin d'année», notent les professionnels des pompes à chaleur. La hausse des permis de construire de 10% en fin d'année est accueillie avec l'espoir qu'elle engendrera la reprise des mises en construction, et des achats de produits. «L'activité des Pac sur l'eau et la hausse constatée du pétrole devraient provoquer un rebond sur ce marché», espèrent-ils. Reste la «grosse incertitude» de la RT 2012, qui ne fait pas apparaître la pompe à chaleur dans ses moteurs de calcul. «Donc aujourd'hui, la facilité n'est pas d'aller vers la Pac», déplore Didier Metz.

 

 

Salmson prépare l'arrivée de la nouvelle directive européenne

 

La directive européenne EuP/ErP (Energy using products/Energy related products) prévoit d'éliminer les produits les plus énergivores, en imposant aux fabricants de commercialiser des machines à haut rendement énergétique. Dans le cadre du marquage CE, cette directive s'appliquera aux produits consommant de l'énergie durant tout leur cycle de vie, à partir de la conception. Dans le domaine des pompes à chaleur, les produits concernés sont les circulateurs, les moteurs de pompes et hydrauliques de pompes. Le calendrier diffère selon les produits, la première échéance à respecter étant celle du 16 juin 2011, date à laquelle l'indice d'efficience des moteurs de moins de 375 kW devra être inférieur ou égal à 0,75 kW.

 

Les fabricants ont d'ores et déjà entamé les changements nécessaires à l'application de ces nouvelles normes. C'est notamment le cas de Salmson, qui a modifié sa chaîne de fabrication, afin que l'usine de Laval ne concoive plus que des produits conformes pour le marché européen ; cette directive impacte sur deux lignes de production, les petits circulateurs et les pompes multi-cellulaires. Les produits ne répondant pas à ces normes ne seront pas arrêtés, puisqu'ils continueront à être mis sur les marchés mondiaux. Et pour cause : à l'achat, les nouveaux produits sont 1,5 à 2 fois plus cher qu'un circulateur classique.
«Depuis 2009, le groupe investit plus de dix millions d'euros par an pour faire évoluer ses lignes de production sur son site de Laval et au sein des autres usines, afin de supprimer les pompes à faible rendement», indique Salmson. L'adaptation à la nouvelle directive passera également par un accompagnement des acteurs, tout le long de la chaîne d'achat, avec des réunions dans plusieurs villes à la rencontre des installateurs.

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