Selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre paru mardi, le mal-logement est de plus en plus ancré sur le territoire français et touche désormais toutes les couches de la population. Pour l'association, ce constat montre l'inefficacité des politiques successives mises en place depuis quinze ans. Résultats du rapport et premières réactions.

Pas d'exception pour 2010. Cette année encore, la Fondation Abbé Pierre, qui vient de publier son rapport annuel sur le mal-logement, tire la sonnette d'alarme ! Premier constat : la problématique ne faiblit pas. Au contraire, les chiffres traduisent une progression du phénomène puisqu'en 2009, le rapport faisait état de 3,5 millions de mal-logés et qu'en 2010, la Fondation en comptabilise 3,6 millions.

 

Et nouvelle tendance, personne n'est épargné : «La Fondation constate l'extension du domaine de la crise du logement qui, année après année, a progressivement rattrapé les jeunes, les personnes âgées, les familles monoparentales, les salariés modestes et, désormais, les classes moyennes», souligne le rapport. Si les profils varient, les besoins aussi.
Ainsi, parmi les 3,6 millions de personnes confrontées au mal-logement, 685.000 sont privées de domicile personnel et habitent des baraques de chantier, des locaux agricoles aménagés... La fondation complète ce chiffre avec ceux délivrés par l'Insee en janvier 2011 et recensant 133.000 SDF au début des années 2000. On connaît également le nombre de personnes vivant à l'année dans des chambres d'hôtel, soit 38.000. Autre catégorie de personnes à souffrir d'une situation délicate : les 441.000 usagers contraints d'être hébergés chez un tiers, faute de solution de logement adaptée à leurs besoins. Mais comme le souligne le rapport, le mal-logement n'est pas qu'une question d'absence de logement. Ainsi, 2.778.000 personnes disposeraient de logements inconfortables ou surpeuplés, selon l'enquête de l'Insee de 2006 et rapportée par la Fondation Abbé Pierre. A cela s'ajoutent les situations précaires des locataires de logements meublés et les familles des gens du voyage ayant des revenus trop modestes pour accéder à un terrain privatif.

Les propriétaires également mal lotis

Dans ce sombre tableau, les propriétaires ne font pas exception : «Les ménages, bien que propriétaires, se retrouvent fragilisés lorsqu'ils résident dans des copropriétés en difficulté. Les récentes exploitations de l'Enquête logement de 2006 permettent désormais d'estimer à 730.000 le nombre de personnes confrontées à un très mauvais fonctionnement de leur copropriété, à un défaut d'entretien ou à des impayés nombreux et importants», souligne l'enquête. Accéder à la propriété peut ainsi tourner au cauchemar et être «un piège».

 

Dans la préface du rapport, Raymond Etienne, Président de la Fondation, dénonce sans concession «la France de propriétaires» voulue par Nicolas Sarkozy lors de sa campagne présidentielle de 2007 : «Parce que l'accession à la propriété, pivot de la politique actuelle - une aspiration partagée par un grand nombre de familles - n'est plus possible pour la plupart d'entre elles, et peut même devenir un facteur de fragilité aggravant dans la gestion des dépenses quotidiennes…». C'est donc une politique de l'échec de plusieurs années que le rapport pointe du doigt, tout en continuant, malgré tout, à faire des propositions afin d'interpeller les pouvoir publics et s'inviter dans les débats des présidentielles de 2012.

 


Les quatre mots d'ordre de la Fondation Abbé Pierre
1. « Produire/capter massivement et sans délai des logements, car
chacun doit pouvoir être logé dignement »
2. « Maîtriser les prix et réguler les marchés, car le logement n'est pas un bien comme les autres »
3. « Construire une ville de qualité, équitable et durable : un impératif pour vivre ensemble »
4. « Combattre et prévenir les facteurs d'exclusion et d'inégalités pour en finir avec le mal-logement »

 

 


Découvrez les réactions, en cliquant sur suivant

actionclactionfp