Le département de la Savoie, qui a pris à bras le corps le problème du logement des saisonniers en créant en deux ans 840 lits destinés à ces travailleurs grâce à un accord interprofessionnel modèle, vient d'être étendu à toute la France, y compris au littoral.

"Tout découle de l'accord interprofessionnel signé pour la Savoie le 13 décembre 2002 entre l'Etat et les partenaires sociaux qui a permis de changer les règles d'utilisation du 1% logement", a expliqué jeudi Alain Simon, chargé de mission par trois ministères (logement, tourisme et équipement) pour s'occuper des saisonniers au niveau national, au cours d'un colloque au festival des métiers de la montagne à Chambéry.

L'accord a permis notamment d'autoriser la construction de meublés de qualité pour les saisonniers, y compris ceux travaillant dans des entreprises de moins de 10 salariés. Il impose des normes de qualité, les logements devant garantir une surface de 14 m2 par salarié, avec une pièce privative par saisonnier en cas de logement collectif. Le plafond des ressources a été modifié pour avoir accès à ces logements. 35.000 saisonniers travaillent chaque hiver en Savoie, département qui totalise 47% des journées skieurs en France. 80% des entreprises estiment que l'accès au logement est le seul moyen de recruter et de conserver du personnel
qualifié. "Le logement saisonnier, occupé un maximum de cinq mois par an, coûte cher et il faut le subventionner à hauteur de 70%", a souligné M. Simon."Nous avions identifié en 2002 un besoin de 1.500 lits. Grâce à l'accord, 840 lits pour les saisonniers ont été construits en deux ans, contre 510 entre 1992 et 2002 en Savoie. L'effort continue et par exemple, cet hiver, 89 logements avec 150 lits seront livrés à Macot-La Plagne (Savoie)", a-t-il ajouté.

Le modèle va bientôt faire des émules à Royan (Charente-Maritime), où une centaine de logements saisonniers devraient voir le jour, et à Nice où deux projets sont à l'étude, a poursuivi M. Simon. Selon le responsable syndical CGT des salariés des remontées mécaniques, Antoine Fatiga, "il y a de l'argent, et il faut simplement de la volonté et mettre les différents acteurs autour d'une table". A la CFDT Savoie, Annick Moreau a indiqué que s'il y avait encore des saisonniers qui dormaient dans des voitures à Chamonix et Avoriaz (Haute-Savoie), les stations commençaient à prendre conscience de la nécessité d'accueillir les saisonniers pour les garder.
Au début de la saison dernière, Morzine (Haute-Savoie) a ouvert un hôtel pendant trois jours pour accueillir les saisonniers. "Courchevel (Savoie), qui se veut vitrine sociale du département, a fait aussi des efforts, alors que cela n'est pas le cas de Val d'Isère", a précisé Mme Moreau."La CFDT a décidé de lancer une grande enquête afin d'établir un classement social des stations. Nous ferons de la publicité pour ce palmarès afin de proposer à la clientèle d'autres critères de sélection des stations", a-t-elle ajouté.

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