Pour consolider et mettre en sécurité 230 mètres d’enceinte, Daniel Lefèvre, architecte en chef des Monuments historiques a opté pour l’injection à basse pression d’un liant hydraulique.

La restauration du château médiéval de Caen - l’une des plus anciennes enceintes médiévales d’Europe, construite par Guillaume le Conquérant - s’inscrit dans un ambitieux programme engagé sur 12 ans, à l’initiative de la ville de Caen, avec le soutien de l’Union européenne, de l’Etat (DRAC), du conseil général de Basse-Normandie et du conseil général du Calvados.
La 1ère tranche de travaux, dont la maîtrise d’oeuvre a été confiée à Daniel Lefèvre, architecte en chef des Monuments historiques, comprend la restauration et la mise en sécurité du rempart nord-ouest. La réalisation a été confiée à l’entreprise Lefèvre. Elle a débuté en mars 2004 et devrait s’achever en 2006. , 1ère tranche de travaux dont la maîtrise d’oeuvre a été confiée à Daniel Lefèvre, architecte en chef des Monuments historiques et la réalisation à l’entreprise Lefèvre, a débuté en mars 2004. Huit millions d’euros ont été affectés à cette première intervention qui porte sur 230 mètres d’enceinte.

En préalable des travaux de rénovation proprement dits, il a fallu conforté le talus car le rempart reposait sur un conglomérat de calcaire non maçonné, rendu instable avec le temps. Une campagne d'études réalisée par l'architecte en chef a montré une absence de liants aussi, une phase de consolidation a été nécessaire, avant toute intervention sur le rempart même, afin d'offrir aux fondations du rempart une meilleure assise. Des forages de 10 à 12 mètres ont donc été effectués pour injecter un coulis de ciment/bentonite : 1400 m3.

L’entreprise Lefèvre (qualification Monuments historiques) a ensuite effectué des travaux de reprise de parement sur la face intérieure et extérieure (220 m3 de pierre). Après avoir coffré et dégagé les pièrres, les plus abîmées ont été remplacées. Notons qu’une nouvelle carrière a été réouverte pour la restauration des édifices en pierre de Caen. Une chance car la pierre utilisée (issue de la carrière de Cintheaux) possède les mêmes caractéristiques physiques que celle placée sur le rempart au XIème siècle.
En complément du remplacement "en tiroir" des pierres de Caen dégradées par le temps, un travail de dépiquetage et de rejointoiement du parement a également été réalisé. (nombreuses fissures et cavités à obstruer y compris les fonds de joints).
Enfin, pour harmoniser l'ensemble, l’entreprise Lefèvre a effectué une patine sur tous les parements en finition.

Enfin, des injections ont pu être réalisée pour homogénéiser l'ensemble du mur et créer une liaison entre les deux coulis (talus et rempart) pour retrouver le monolithisme initial. En effet, les études ont montré que le centre du mur d'enceinte était constitué d'un garni de moellons calcaire hourdés à la chaux dans lequel on retrouve un grand nombre de petits vides.
Pour procéder à cette injection, il a fallu réaliser 3500 percements au 2/3 de l'épaisseur du mur afin de couler le produit au coeur de la structure.
Le liant retenu - Mape-Antique I de Mapei - est exempt de ciment et possède des caractéristiques mécaniques proches du matériau d’origine. Déjà mis en oeuvre dans diverses restaurations de prestige dans le monde (Colisée et Sénat à Rome, Basilique Saint-François d’Assise, Musée Pouchkine à Moscou...), c’est la première fois qu’il était utilisé en France sur un monument historique.
Ce produit a l’avantage de ne pas provoquer de réaction chimique avec la pierre pouvant entraîner sa dégradation à moyen ou long terme, et sa grande fluidité lui permet de remplir facilement les cavités des structures à consolider.
Autre avantage, Mape-Antique I est prêt à l’emploi et est donc 3 à 4 fois plus rapide à mettre en oeuvre qu’un coulis traditionnel réalisé habituellement sur ce type de chantier. Il évite tout malaxage manuel risquant de créer un mélange peu homogène et permet de réaliser un travail en continu grâce à l'utilisation d'une pompe.
Spécialement conditionné pour ce chantier en sacs de 800 kg, 143 m3 de coulis ont été injectés, au rythme de 3,5 tonnes par jour.

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