Les qualités de résistance mécanique, de facilité d'utilisation, de durabilité et la très bonne tenue au feu, font du béton le matériau de construction par excellence. Comment réagissent réellement le béton, le métal suite à un incendie ? Quels sont les diagnostics à effectuer ? Éléments de réponses avec Kamel Touidjine, ingénieur structures, responsable du service structures chez Ginger CEBTP.

Batiactu : Comment réagit le béton soumis à un incendie ?
Kamel Touidjine : Lors d'un incendie, le béton se dégrade régulièrement de l'extérieur vers le cœur pendant toute la durée de l'échauffement. Cependant, ce processus de dégradation est suffisamment lent et progressif pour permettre un maintien de la stabilité des structures pendant un laps de temps, le plus souvent, suffisant à l'évacuation des personnes, mais aussi, pour permettre de retrouver après extinction de l'incendie un ouvrage endommagé mais réparable.
Une réparation doit être précédée de différentes phases d'études sur le béton et le métal incendiés. Notre travail est d'établir un relevé quantitatif des dégâts occasionnés par l'incendie en termes de surface atteinte, de profondeur d'altération et de déformations. Et ainsi de pouvoir conditionner le délai et le coût des travaux.

 

Batiactu : Quelle est la démarche à mettre en œuvre pour réaliser un diagnostic du béton incendié ?
Kamel Touidjine : Pour réaliser un diagnostic complet lorsqu'un béton a été incendié, quatre phases sont nécessaires. Il faut, en effet, commencer par une inspection visuelle des éléments de structure situés au droit du foyer et à sa proximité immédiate et réaliser un relevé des désordres liés à l'incendie, affectant les éléments de structure touchés. Puis, il faut déterminer la profondeur d'altération au droit et à proximité immédiate du foyer. Pour cette seconde phase, des sondages ponctuels au marteau et au burin sont réalisés afin d'estimer la dureté du béton. Des mesures d'auscultation ultrasoniques sont également réalisées. Elles sont basées sur la vitesse du son dans le béton et permettent de déterminer la profondeur d'altération de ce dernier suite à l'élévation de température.
Autre phase également à exécuter, celle qui détermine la teneur en chlorure dans le béton à proximité immédiate du foyer. Pour cette phase, des prélèvements de béton sous forme de poudre de forage sont réalisés afin de s'assurer que la teneur en chlorure de ce matériau est inférieure au seuil autorisé par les règles de l'art. Enfin, il faudra déterminer la limite élastique et la résistance à la traction d'une armature. Concrètement, un prélèvement d'armature est réalisé généralement sur l'élément le plus touché par l'incendie. L'armature est prélevée de façon à ne pas remettre en cause la stabilité de l'élément de structure. A noter, qu'un essai de traction sur l'armature est effectué dans nos laboratoires.

 

Batiactu : Et pour une structure métallique, comment se déroule le diagnostic ?
Kamel Touidjine : Pour le métal incendié, là aussi nous effectuons une inspection visuelle des éléments de structure situés au droit du foyer et à sa proximité immédiate.
Nous effectuons également des mesures de verticalités et de déformées à l'aide d'un niveau laser. De plus, un sonnage sur l'ensemble des assemblages visibles est testé, et des impacts sont réalisés à l'aide d'un marteau sur les boulons. Ils permettent de mettre en évidence les éléments dégradés lors des dilatations de la structure.
Enfin, autre point important concernant le diagnostic sur le métal incendié, il s'agit de déterminer des caractéristiques mécaniques de profilés au droit et à proximité immédiate du foyer. Dans cette dernière phase, des prélèvements sur des éléments de structure métallique sont réalisés à l'aide d'une disqueuse électrique, et un essai de traction sur chacun des prélèvements est réalisé dans notre laboratoire.

 

Batiactu : Quelle est la meilleure solution pour éviter les dégâts ?
Kamel Touidjine : Je pense que la meilleure solution est de procéder, bien évidemment avant un éventuel départ d'incendie, à la mise en conformité des structures porteuses conformément à la réglementation. Il est donc souhaitable de réaliser une vérification de la stabilité au feu des structures existantes et d'appliquer une protection coupe feu afin d'assurer la durée de la stabilité au feu exigée par la norme.

 

Pour tous renseignements : www.gingergroupe.com

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