Avec la baisse des tarifs d'achat du courant photovoltaïque et, a contrario, la hausse du prix du kWh facturé par EDF, il n'est désormais plus pertinent de revendre l'intégralité de sa production solaire. Les particuliers et exploitants disposant de petites installations de toiture ont plus intérêt à consommer leur propre production et à n'injecter que le surplus sur le réseau. Explications avec Jean Damian, le directeur de Solardis.

"L'autoconsommation, dans les faits, est un mécanisme qui existe finalement depuis un certain temps, encadré depuis le décret de 2011 sur l'injection d'électricité d'origine solaire dans le réseau", nous explique Jean Damian, le directeur de Solardis (entreprise spécialisée dans les installations solaires de toiture). "Mais depuis, la remise à plat des mécanismes de soutien, les tarifs d'achat ne sont plus si élevés que par le passé. Et inversement, il y a une augmentation réelle des kilowattheures soutirés au réseau", poursuit-il. La réinjection totale, permettant de tirer profit de prix d'achat stratosphériques n'est donc plus d'actualité. "Il est maintenant plus pertinent de réaliser un mix entre autoconsommation et réinjection du surplus de production : c'est une solution sans risque !". Elle permettrait même d'avoir un (léger) intérêt financier.

 

La production non consommée est revendue à EDF via un contrat d'obligation d'achat, pour un tarif proche de 13 centimes d'euros du kWh (contre 10 centimes pour un kWh consommé). "On parle de quelques centimes d'euros économisés par semaine. Mais tout prend plus de sens quand on anticipe une hausse du prix du courant de l'ordre de 2-3 % par an pendant 20 ans, comme prévu par la CRE. Il y a donc un intérêt accru". L'autoconsommation est donc maintenant une vraie question. Interrogé sur l'intérêt du stockage, en vue d'une consommation ultérieure de l'électricité, Jean Damian répond : "Il est possible de se passer du réseau mais on a un gros problème de prix car les solutions de batteries sont beaucoup trop chères. Et cela induit de la complexité et de l'entretien". Le directeur de Solardis estime qu'il s'agit là de freins pour les particuliers.

Les locaux tertiaires, idéaux pour l'autoconsommation

Dans le cas du tertiaire et des bâtiments commerciaux, l'autoconsommation révèle d'autres avantages. "On a l'opportunité de valoriser de l'énergie solaire du bâtiment, dans le bâtiment. Et les mieux adaptés à ce type de projet sont les bureaux, les locaux industriels et les commerces, car il y a une adéquation entre la production et la consommation", nous précise Jean Damian. Dans ce type de constructions, les moments où l'installation fournit du courant - en journée - sont également ceux où elles sont occupées. Le mécanisme d'autoconsommation permet donc de soulager la facture électrique mais dans une logique de performance énergétique. "Les hangars agricoles construits pour faire du solaire sont un non-sens", déclare-t-il. "Et l'autoconsommation doit être appliquée au niveau du bâtiment. A l'échelle d'un quartier ou d'une ZAC, il est possible de compenser les consommations d'une tour de logements en utilisant la vaste toiture d'un gymnase, dont la consommation est faible. Mais il reste difficile d'implanter de véritables centrales solaires dans un îlot", nous précise le spécialiste qui cite un projet de réhabilitation d'un petit bâtiment tertiaire, à Saint-Jacques de la Lande (35), équipé de panneaux photovoltaïques produisant plus que les 45.000 kWh annuels nécessaires à rendre l'édifice BePos.

 

La filière solaire attend désormais d'être reçue par la ministre de l'Ecologie qui souhaite déterminer de nouveaux mécanismes de soutien et d'encouragement à l'autoconsommation. "Les mécanismes actuels ne permettent pas de développer significativement cette pratique en France", déplore le directeur de Solardis. Certaines régions comme l'Aquitaine, l'Alsace ou le Centre, participent à des expérimentations mais les conclusions ne sont pas encore connues. L'autoconsommation va donc devoir encore patienter quelques temps.

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