URBANISME. Les villes, trop minéralisées, ont dégradé la qualité de vie de leurs habitants. Claude Michelot, directeur général délégué de Burgeap (groupe Ginger) plaide pour un retour de la Nature et, en particulier, de l'eau au cœur de la cité.

Béton, brique, pierre, asphalte… L'horizon des agglomérations est souvent excessivement minéralisé. Une conception qui a eu pour conséquence de nuire à la qualité de vie des citadins. D'où la tendance actuelle à un retour de la Nature en ville, dans une optique plus environnementale et durable. Claude Michelot, le directeur général délégué de Burgeap (groupe Ginger), rappelle : "La surutilisation de matières minérales dans la construction des villes a bouleversé leur équilibre. Cette forte concentration a endommagé la biodiversité et favorisé le développement d'îlots de chaleur qui génèrent des températures supérieures en zone urbaine".

 

Un véritable problème alors que les phénomènes climatiques extrêmes sont appelés à se multiplier à l'avenir. Des épisodes de pluies intenses surviendront après des périodes de sécheresse prolongées. Or, à l'heure actuelle, le circuit de l'eau est totalement artificialisé, à l'image des sols : la pluie est captée sur les toitures, acheminée par les gouttières vers les canalisations d'un réseau d'assainissement avant de passer en station d'épuration pour être rejetée dans une rivière. Un processus qui, selon Claude Michelot, entraîne une "perte de qualité" pour l'eau : "Dans son cycle naturel, la filtration dans le sol puis le passage par les nappes phréatiques, avant d'atteindre les rivières, maintient la qualité de l'eau".

 

Remettre de la terre et de l'herbe à la place des dalles

 

 

D'où l'idée de remettre de la terre en ville, afin de permettre aux eaux de pluie de s'infiltrer dans le sol, tout en favorisant la végétalisation des espaces et le retour de la biodiversité. Le spécialiste de Burgeap cite des exemples d'aménagements prenant en compte ce principe : "Sur les périphéries, l'implantation de fossés enherbés est une bonne alternative aux réseaux de canalisation. Ils permettent à l'eau qui s'écoule sur les surfaces imperméables d'être redirigée vers des espaces végétalisés, favorisant ainsi l'infiltration et le développement d'une faune intéressante". Il souligne également la multiplication des toitures végétalisées qui recyclent une partie de l'eau récoltée ou la remise au jour de tronçons de rivières urbaines, jusqu'à présent canalisées, à l'image de la Bièvre francilienne.

 

Des actions qui contribuent à recréer des espaces (quasi) naturels au cœur des villes ce qui bénéficie aux habitants. Le directeur général délégué évoque également la mise en place de techniques avancées de surveillance et de pilotage des réseaux d'eau, pour détecter les fuites et améliorer la maintenance. Pour le spécialiste, l'exemple à suivre est celui de Singapour, mégalopole tropicale et cité-jardin, "qui trouve un équilibre entre forte présence de hautes technologies et les espaces végétaux qui se multiplient". Il conclut : "Smart city ne doit pas uniquement signifier ville et réseaux connectés : la ville intelligente sera aussi celle qui combinera espaces naturels et reconstitution du cycle naturel de l'eau".

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