UN PROJET / UNE PARTICULARITE. En plein quartier chinois de Paris, les architectes de l'agence AREP ont réussi la transformation des anciennes usines du constructeur automobile Panhard en espaces de bureaux et d'accueil collectif. Une réhabilitation lourde, menée durant près de six ans, qui propose désormais un bâtiment à la morphologie singulière, moderne et chargée d'histoire à la fois. Visite.

"On devient votre locataire, mais aussi votre architecte !". Voilà comment a commencé l'histoire de la réhabilitation des anciennes usines Panhard, situées dans le 13e arrondissement de la capitale, et partiellement détruites en 1967, par l'agence d'architectes AREP… En effet, l'agence cherchait des locaux suffisamment grands pour l'ensemble de ses collaborateurs. Elle découvre cette ancienne usine abandonnée, propriété aujourd'hui de Rémi Gaston-Dreyfus, qui, de son côté, souhaitait rénover les lieux. L'affaire est conclue, et après plus de six ans de travaux, AREP occupe aujourd'hui un quart du bâtiment, tandis que le reste sera loué par une halte-garderie de la Ville et un accueil de jour pour les sans-domicile fixe.

 

Ce sont donc désormais 21.000 m2 de bureaux qui prennent vie à l'intérieur de ce bâtiment de brique, à l'ossature métallique. "Nous avons voulu revisiter la manière dont on travaille aujourd'hui et notre réflexion a porté sur les espaces de bureaux dans la ville", explique Etienne Tricaud, un des deux architectes de l'agence. Plus qu'une simple transformation, il s'agit donc bien d'un questionnement sur l'espace de bureau en tant qu'espace de vie et de rencontre. "C'est aussi la singularité de ce lieu chargé d'histoire et sa morphologie qui nous ont orienté sur la manière de travailler l'espace", ajoute-t-il.

 

 

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Vue générale depuis le boulevard Masséna

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © AREP
Monumentalité et horizontalité
Le parti pris architectural a été d'inscrire ce bâtiment, marqué par sa monumentalité et son horizontalité, dans la verticalité que proposent les tours de logements environnantes du 13e arrondissement. Ainsi, cet îlot de brique rouge contraste avec l'architecture du Chinatown parisien! "Le bâtiment tel que nous l'avons récupéré était un peu inachevé, précise Etienne Tricaud. Nous l'avons donc complété à ses extrêmités pour en faire un bâtiment-ilôt en triangle, qui abrite 21.000 m2 de bureaux, des équipements de la Ville de Paris et un parking en sous-sol".

 

Les extensions prolongent le bâtiment d'origine, notamment par la brique qui a été utilisée sur l'ensemble des façades. "Elles affirment leur caractère contemporain, mais s'enchâssent parfaitement au bâti existant", estime L'architecte. Au-dessus des corniches, posées sur la toiture, émergent deux grands "containers" aux formes industrielles qui sont habillés d'une double peau semi-transparente de verre et de métal perforé, de teinte cuivrée, en écho aux tuiles des sheds.

 


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Façade côté rue Régnault

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © AREP
La structure poteaux-poutres de l'ancien bâtiment a été entièrement conservée, et des absorbants acoustiques ont été posés partout dans l'enceinte. Au cœur de celle-ci, AREP a choisi d'installer un immense atrium central qui permet des espaces de travail autour entièrement baignés de lumière. Il se déploie sur les 4 niveaux du bâtiment, jouant ainsi un rôle fédérateur dans l'organisation spatiale du lieu, faisant office d'accueil, de lieu de rencontre et de convivialité grâce aux espaces de restauration du rez-de-chaussée, de circulation principale par des escaliers en pourtour des atriums et par l'ascenseur panoramique implanté dans la trémie de l'atrium.

 

La lumière, composante essentielle du projet
Le vitrage est également une des composantes essentielles du projet, afin que le maximum de lumière puisse entrer et inonder les salles de bureaux. Installées sur des plateaux structurés par des mobiliers permettant des ajustements d'usage et une grande flexibilité d'aménagement, elles profitent de la lumière zénithale et des baies vitrées des façades.

 

Enfin, le bâtiment s'inscrit dans une démarche HQE et bénéficie de la certification Breeam Very Good. "Nous avons travaillé sur la récupération d'eau notamment, et aménagé un jardin en pense au dessus de la Petite Ceinture. Nous veillons également à nos consommations énergétiques", assure Etienne Tricaud.

Depuis l'avenue d'Ivry

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © CL-Batiactu
Fiche technique

 

Maîtrise d'ouvrage : Société nationale immobilière et EMERIGE
Maîtrise d'oeuvre :
- Architectes : Jean-Marie Duthilleul et Etienne Tricaud, avec Benoît Ferré et Serge Caillaud (Phase 1 et Direction des travaux)
- BET : AREP, SNC Lavalin, AURIS

 

Surface totale : 21.635 m2 de bureaux et 240 m2 d'ERP

 

Coût total : 32.2 M€

 

Livraison en 3 phases : 2009, 2011, 2013
Crèche : 2014

Depuis les toits du bâtiment

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © AREP
Au-dessus des corniches, posées sur la toiture, émergent deux grands "containers" à l'écriture industrielle et sculpturale, habillés d'une double peau semi-transparente de verre et de métal perforé, de teinte cuivrée, en écho aux tuiles des sheds.

Ancien siège des usines Panhard

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © CL-Batiactu
Les ateliers Panhard et Levassor, dernier vestige des usines automobiles de Paris après la destruction des usines Renault sur l'Ile Seguibn Citroën à Javel, puis Panhard à la porte d'Ivry - et partiellement détruits en 1967 pour créer le quartier des Olympiades - demeurent l'unique site emblématique de cette épopée industrielle.

Façade principale côté avenue d'Ivry

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © AREP
La façade de brique constitue un socle minéral en prolongement des façades actuelles. Les ouvertures s'inscrivent dans le prolongement de la trame du bâtiment d'origine.

Peau en résille

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © CL-Batiactu

Ombre et lumière

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © AREP

Mur en briques conservé à l'intérieur du nouveau bâtiment

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © CL-Batiactu
La façade de l'ancienne usine exprime la force de sa modénature historique - brique, meulière, corniches en béton gris - et dialogue avec le minimalisme épuré des finitions industrielles du bâti adjacent. Devenue façade intérieure, elle crée le lien entre espaces nouveaux et espaces réhabilités.

Mobilier de bureau en bois

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © CL-Batiactu
Tout de bois conçu par la main de Jean-Marie Duthilleul en personne, le mobilier est réalisé pour répondre aux besoins des utilisateurs.

Bureaux verticaux

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © CL-Batiactu
Le bâtiment s'organise autour d'un atrium central généreusement planté dans des dispositions favorisant le travail en commun et l'interdisciplinarité.
Il est à la fois espace de rencontre, de restauration, de travail.

Grand atrium central

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © CL-Batiactu
Les cloisons des bureaux et des salles de réunions sont essentiellement vitrées et les espaces de travail, sur les plateaux, sont structurés par des mobiliers permettant flexibilité et ajustements d'usage.

Box de discrétion

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © AREP
Des modules en épicéa massif se glissent dans les grandes hauteurs de certains niveaux pour créer des espaces plus intimes. ils abritent des bureaux individuels largement vitrés sur les parties en open space, et offrent des lieux de travail en mezzanine sur leur niveau supérieur.

Plan du rez-de-chaussée

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © AREP
L'ensemble forme un ilôt à la pointe des rues Masséna, Ivry et Régnault.

Coupe longitudinale

Bureaux panhard
Bureaux panhard © AREP

Ancienne usine Panhard

Bureaux Panhard
Bureaux Panhard © AREP
Vestige d'un passé industriel, l'usine Panhard a retrouvé aujourd'hui une nouvelle fonction.