Le gouvernement britannique a donné mardi son feu vert à la construction d'un cinquième terminal à Heathrow, permettant d'augmenter de quelque 30 millions de passagers les capacités de cet aéroport londonien, déjà le plus fréquenté d'Europe.

"Ce terminal 5 sera une contribution majeure à l'économie nationale", a déclaré le ministre des Transports Stephen Byers à la Chambre des Communes.

Selon les conclusions de l'enquête préalable à la décision, la position de Londres "en tant que ville d'envergure mondiale serait menacée si Heathrow ne maintenait pas sa compétitivité", a ajouté le ministre.

Il a toutefois soumis l'approbation du gouvernement à plusieurs conditions, visant à limiter les nuisances sonores. Parmi ces conditions, figure une limite sur le nombre de vols par an (à 480.000 par an contre 460.000 en 2000), en particulier pour les vols de nuit.

Pour que le terminal soit ouvert, il faudra par ailleurs qu'une ligne de métro, la Picadilly Line, soit étendue jusqu'à l'aéroport, de même qu'une ligne de chemin de fer.

Le coût de ce terminal, qui devrait être opérationnel en 2007, est évalué à 2,5 milliards de livres (4,03 mds d'euros).

Heathrow a accueilli en 2000 quelque 64 millions de passagers, alors que l'aéroport a une capacité de 54 millions de personnes, selon une porte-parole de l'aéroport.

Selon Stephen Byers, le nouveau terminal permettra à Heathrow d'accueillir 90 millions de passagers.

Cette décision met un terme à la plus longue enquête préalable au lancement d'un projet de l'histoire britannique. BAA, le groupe de gestion d'aéroports et boutiques hors-taxe, avait déposé en 1993 une demande de permis de construire.

Une enquête publique sur la nécessité d'un cinquième terminal a eu lieu entre 1995 et 1999.

Les associations anti-bruit, de riverains et écologistes ont combattu ce projet depuis le début. Selon Caroline Lucas, député Vert, "la décision sur le terminal 5 était un véritable test sur l'engagement du gouvernement pour l'environnement. Tony Blair a échoué de manière magistrale".

Mais les syndicats et la Confédération de l'industrie britannique (CBI), principale organisation patronale, ont applaudi cette annonce. "Le monde des affaires réclamaient à grands cris cette décision, c'est donc une bonne nouvelle", a déclaré Michael Roberts, chargé de l'environnement à la CBI.

"Mais le terminal 5 doit être autorisé à fonctionner de façon à répondre aux besoins des passagers et des compagnies", a-t-il ajouté. "Les conditions" édictées par le ministre des Transports "devront être soigneusement étudiées afin de voir" si elles permettent un équilibre entre les droits de chacun.

Pour Ken Jackson, secrétaire général dy syndicat Amalgamated electronic and engineering trade union (AEEU), le feu vert du gouvernement "est une aubaine pour les emplois pour Londres et le sud-est de l'Angleterre".

British Airways, qui le premier utilisateur de Heathrow, sera par ailleurs la principale bénéficiaire de ce nouveau terminal.

La semaine dernière, la France avait annoncé de son côté la création d'un troisième aéroport international, à Chaulnes, à 125 kilomètres de Paris.

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