Altaréa, le promoteur du centre commercial Bercy Village, à Paris, pourrait être contraint de fermer certaines boutiques non conformes aux projets d'origine.

Les riverains avaient déjà obtenu à l'automne 2001 l'annulation du permis de construire délivré en 2000, mais Altaréa avait fait appel.

Ils attendent maintenant que le 4 avril la Cour d'appel administrative confirme l'annulation, car vendredi la Commissaire du gouvernement a fait une conclusion en ce sens, jugeant le permis initial de 1993 caduc.
La position du Commissaire du gouvernement est généralement suivie par la Cour, rappelle maître Alain-Marie Germain, l'avocat des riverains.Altaréa s'est refusé à tout commentaire en attendant l'arrêt de la Cour.

Les 75 riverains, habitants et commerçants, réunis au sein de l'association Bercy Bien contestent le permis délivré par la Ville de Paris à Altaréa en 2000 pour non conformité au projet initial de 1992 qui prévoyait des petits commerces de proximité et des parkings souterrains.

Altaréa, qui a obtenu un permis modificatif en 2000, n'a pas construit de parkings, a installé des enseignes à la mode et surtout un vaste restaurant-discothèque ouvert jusqu'au petit matin, le Club Med World.

Le promoteur a d'ailleurs obtenu en mai 2002 l'autorisation de la Commission départementale d'équipement commercial (CDEC) pour les grandes enseignes qu'il a accueillies, mais elle ne concerne pas le restaurant du Club Med, qui ne dépend pas de ce type d'autorisations.

Fin 2001, le promoteur avait reconnu avoir modifié le projet commercial d'origine mais argué que "les besoins ont changé et nous n'avons trouvé aucun commerçant de proximité (boulangerie, boucherie...) intéressé par ces emplacements car la zone de chalandise n'est pas suffisante".

Le président de l'association, Stéphane Zeitoun, a expliqué qu'Altaréa a découragé des plaintes de riverains par le versement de grosses indemnités, notamment 3 millions de francs à un riverain en 1998. Mais ce riverain a été lui aussi été mis en examen pour extorsion.

Alain-Marie Germain, qui a travaillé dans plusieurs sociétés immobilières dont Altaréa, mène désormais une guerre systématique contre des pratiques qu'il juge illicites dans l'immobilier commercial et est devenue la bête noire des promoteurs, souvent d'anciens employeurs.

Mais pour lui, il n'est pas question de tout fermer à Bercy Village. Il rêve d'ouvrir au lieu du Club Med World un "musée du néolithique" pour exposer les vestiges du village néolithique et de quatre pirogues vieilles de six mille ans découvertes en 1991 sur le site - ce qui avait bloqué les travaux pendant un an - et actuellement entreposées dans un sous-sol.

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