Eiffage/Egis/Engie ont présenté lundi 19 octobre leur ville durable virtuelle : Astainable. Reprenant les caractéristiques de la capitale du Kazakhstan, elle valorise les savoir-faire français en matière d'environnement et d'urbanisme. La "french touch" serait-elle en passe d'envahir les villes du monde ? Eléments de réponse.

Des hubs multimodaux, la gestion des déchets, de l'eau, l'aménagement d'une île : le projet Astainable* est en tout point séduisant. Cette ville durable 3.0 qui s'étend sur 722 km2 a une particularité : tous les savoir-faire mis en œuvre dans ses rues sont français.

 

En effet, cette cité d'un nouveau genre créée dans le cadre d'un appel à projet lancé en juillet 2013 par le ministère du Commerce extérieur, est avant tout un outil numérique valorisant virtuellement des concepts, techniques au service de la ville de demain. Aux commandes du programme : Eiffage (mandataire et pilote du projet), Engie (ex Gdf Suez) et le spécialiste de l'ingénierie Egis qui ont bénéficié d'une enveloppe de deux millions d'euros pour faire émerger Astainable. Ensemble, ils ont participé à ce défi même si, comme l'a concédé avec franchise Pierre Berger, PDG d'Eiffage, "cela n'a pas toujours été facile".Outre les trois grandes entreprises, une centaine de sociétés de toutes tailles ont également proposé leurs idées.

Téléphériques, colonnes Morris numériques

Concrètement, en quoi consiste le projet Astainable ? Il s'agit d'une maquette numérique à l'échelle d'une ville, Astana, la capitale du Kazakhstan. Mais pourquoi Astana ? Si ce pays est souvent pointé doigt pour ses ambiguïtés politiques, il regroupe néanmoins les enjeux à relever en matière de développement durable : croissance urbaine (+250% en 10 ans), climat rude (+40° l'été et -40° l'hiver). De tels facteurs permettaient de montrer l'étendue des compétences de l'Hexagone. Par exemple, Poma y déploie son téléphérique d'une vitesse d'environ 30 km/h ; Oxialive y présente sa colonne Morris numérique capable de connecter les différents quartiers de la ville. Le tout ayant pour objectif de respecter le territoire, les usages, et bien sûr les usagers.

La ville durable à la française, un modèle ?

Mais ce projet a-t-il une chance de passer du virtuel au réel ? Selon Eiffage, Astana est déjà intéressée par des concepts, notamment en termes de gestion des déchets et de l'eau. Pas de doute, la french touch séduit. D'ailleurs, les grands groupes ont compris leur intérêt à l'histoire (Veolia et Artelia ont aussi développé un simulateur pour Santiago du Chili), mais ils ne sont les seuls. Les architectes aussi… En 2013, l'Afex a édité un guide pour valoriser l'approche française de la ville durable. A destination des clients et maîtres d'ouvrage étrangers, le livre mettait en avant la lutte contre l'étalement urbain, l'importance de la mixité fonctionnelle et sociale, de la valeur d'usage et du confort, etc. Le concept de ville durable semble donc bien partie pour durer… D'ailleurs, les marchés de développement urbain sont en forte croissance à l'international avec un potentiel de progression supplémentaire estimé à 50 milliards d'euros d'ici à 2017 et à 100 milliards d'ici à 2022. Et cela, le gouvernent semble en avoir pris la pleine mesure.

Un nouvel appel à projets

Le 12 octobre dernier, les ministères de l'Ecologie et du Logement ont lancé l'appel à projets "Démonstrateurs industriels pour la ville durable". Il s'adresse à des entreprises associées à une collectivité partenaire, désireuses de réaliser des projets pilotes intégrant des fonctions urbaines et améliorant les performances environnementales des bâtiments ou des infrastructures. Et bien sûr, les grands gagnants profiteront d'une promotion à l'étranger.

 

*Contraction d'Astana (capitale du Kazakhstan) et de sustainable (durable en français)

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