L'Art nouveau a marqué l'histoire de la création et, pourtant, ce courant reste mal connu du grand public. Afin d'en montrer son importance et surtout celle de son héritage, la Pinacothèque de Paris a décidé de lui consacrer une grande exposition. Plus de 200 oeuvres emblématiques ont été réunies pour l'occasion. A voir avant le 8 septembre...

Quoi de mieux que le contraste pour faire prendre conscience de la réelle nature des choses ? C'est en partant de ce principe que la Pinacothèque de Paris a élaboré son exposition consacrée à l'Art nouveau, courant artistique qui a connu son apogée entre 1890 et 1905. "L'exposition que nous présentons aujourd'hui est la première rétrospective de l'Art nouveau français à Paris depuis 1960", souligne Marc Restellini, le directeur de la Pinacothèque.

 

Afin de montrer au public ses spécificités et son rôle décisif dans l'histoire de la création ainsi que dans de nombreux autres domaines, elle a décidé de le mettre en perspective avec un autre mouvement qui est son strict opposé : l'Art déco. D'un côté, la liberté totale, le débridement à l'état pur, avec une profusion d'ornements (des courbes, des arabesques, des volutes) et, de l'autre, la rigueur et la géométrisation.

 

Deux expositions pour comparer
Il en résulte ainsi deux expositions organisées simultanément : "L'Art nouveau, la Révolution décorative", à la Pinacothèque 1 et, "Tamara de Lempicka, la Reine de l'art déco", à la Pinacothèque 2. La première ravira les amateurs d'Art nouveau puisqu'elle regroupe plus de deux cent œuvres parmi lesquelles celles de toutes les figures emblématiques du mouvement : Gallé, Daum, Majorelle, Gaudí, Guimard, Lalique, Grasset, Steinlein ou Bugatti, pour n'en citer que quelques-uns.

 

Leurs créations utilisent des matériaux et des techniques extrêmement variés - tantôt du bois, du verre, du fer, tantôt de la peinture, de la sculpture, de l'ébénisterie, de la lithographie - mais qui partagent la même esthétique de l'ornementation excessive. Certains adorent, d'autres détestent mais, en tout cas, personne ne reste indifférent devant la complexité des pièces et le travail engagé par les artistes.

 

Si l'exposition fait déjà prendre conscience en elle-même de beaucoup de choses, en particulier du travail de ses principaux acteurs, elle prend une autre dimension au regard de la deuxième exposition.

 

L'Art déco vu au travers des créations de Tamara de Lempicka
Les visiteurs n'ont, en effet, que quelques pas à faire pour basculer dans un tout autre univers, celui de la créatrice Tamara de Lempicka, égérie de l'Art déco. "Tamara est contemporaine de l'Art déco. Elle crée ses plus belles œuvres de 1925 à 1935. Sa carrière et sa vie sont plus que liées à ce mouvement dont elle est la plus célèbre représentante", justifie Marc Restellini.

 

Et d'ajouter "La Pinacothèque de Paris choisit aujourd'hui de montrer l'œuvre de Tamara et d'illustrer la manière dont cette artiste, par ses travaux mais aussi par sa personnalité hors du commun et ambiguë, va coller parfaitement à la période qu'elle incarne. Sa vie est une succession de mises en scène donnant le premier rôle à la modernité et au luxe. Ce rapport à la modernité et à la transgression en fait sans doute le personnage le plus troublant du début du XXe siècle".

 

Ses créations rassemblent en effet à elles seules toutes les caractéristiques du mouvement artistique qui se développe au début des années 1920 : modernité, sexualité assumée, intégration de nouveaux modes d'expression, comme la photographie, le graphisme, le cinéma et la mode... Autant de notions complètement étrangères à l'Art nouveau.

 

On comprend dès lors qu'il y a eu une véritable rupture artistique, un changement radical qui fait la richesse de notre civilisation et ce, dans bien des domaines : celui de la décoration, de l'architecture mais aussi du graphisme publicitaire, de la mode ou encore du cinéma.

 


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