Une étude menée par l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) met en avant le danger que constituent les variations de pluviométrie pour les roches friables en sous-sols. Le réchauffement climatique, par le biais de ces évolutions des périodes d'humidité et de sécheresse, menacerait les caves peu profondes de moins de 50 mètres, présentes dans toute la France mais mal répertoriées. Détails.

Le réchauffement climatique menace aussi les sous-sols. C'est ce qu'indique une étude de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), qui s'est intéressée aux cavités peu profondes (moins de 50 mètres) telles que les caves et carrières, dont la France regorge. En effet, les prévisions du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) indiquent qu'il fera 2°C de plus sur la terre en 2100.

 

Si le réchauffement climatique n'a pas vraiment d'incidence sur la stabilité des cavités souterraines, la hausse des températures pourrait engendrer d'autres phénomènes néfastes pour nos sous-sols. «Les zones soumises à des battements de nappes sont des contextes défavorables à la stabilité des massifs rocheux : la perturbation des conditions hydriques peut s'avérer, dans certaines circonstances, un facteur aggravant qui augmente les probabilités de rupture des ouvrages à court terme», argumente l'Ineris. En d'autres termes, l'assèchement ou humidification d'ouvrages rocheux peut mettre un terme à la stabilité des sous-sols.

 

Certaines roches, telles que le calcaire, l'argile ou la craie, sont en effet plus vulnérables sous l'effet de l'eau, et selon l'Ineris, «une augmentation en volume (+7%) des précipitations est mise en évidence, ainsi qu'une plus grande disparité régionale des précipitations et un accroissement des contrastes saisonniers». L'étude indique que quelque 3.000 communes seraient ainsi menacées par le risque d'effondrement de leurs cavités.

 

L'exemple de la carrière d'Estreux
L'Ineris étudie sur le long terme plusieurs sites, composés de différentes roches. C'est notamment le cas depuis 2003 d'une carrière de craie située à Estreux, dans le Nord, profonde de seulement 20 mètres et abandonnée depuis un demi-siècle. Des instruments mesurent plusieurs paramètres tels que la température et l'hygrométrie du massif rocheux et de l'air des galeries, la déformation des piliers, etc. Ces expériences ont permis d'observer «à très petite échelle des modifications de la structure de la roche en faisant varier la teneur en eau des échantillons prélevés». L'institut conclut à «une baisse de résistance à la compression de la roche à l'état saturé, par rapport à son degré de résistance à l'état sec».

 

La mission de l'Ineris est de réaliser ou faire réaliser des études et des recherches permettant de prévenir les risques que les activités économiques font peser sur la santé, la sécurité des personnes et des biens ainsi que sur l'environnement. A travers cette étude des sous-sols, l'institut veut mieux comprendre l'impact du climat sur la stabilité des sols, et constituer une carte des zones à risques. D'après les premiers travaux issus de ces recherches, il s'avère que les variations climatiques n'ont pas la même répercussion sur toutes les nappes : «Certaines nappes sont sensibles aux évolutions, d'autres plus résistantes comme les nappes captives». Si l'étude reconnait que «l'impact prévisible du climat sur les eaux souterraines est aujourd'hui discuté par les experts», les avis semblent au moins converger vers une amplification du phénomène de battement des nappes, c'est-à-dire une variation du niveau des nappes dans le temps, propice à des instabilités dans certains cas.

 

«Cette évolution générale, dont le degré d'impact reste à évaluer en fonction de caractéristiques locales, serait due au changement du régime de précipitations, qui combine une augmentation en période hivernale et une diminution en période estivale», indique l'Ineris, mais l'exploitation des ressources par l'homme est aussi un facteur à prendre en compte.

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