Le délibéré dans l'affaire de l'ouvrier du bitume mort d'un cancer de la peau a été fixé au 10 mai. La justice devra décider si la société de travaux publics a réellement mis en danger la vie de cet homme, dont le cancer a été reconnu comme une maladie professionnelle, mais à cause de l'exposition aux UV.

Le tribunal des affaires de sécurité sociale de Bourg-en Bresse a mis sa décision en délibéré au 10 mai, dans l'affaire dite de l'ouvrier du bitume. La famille de cet ouvrier, décédé en 2008 à l'âge de 56 ans d'un cancer de la peau, a en effet intenté un procès à Eurovia, filiale de Vinci spécialisée dans les routes, pour «faute inexcusable». Le syndicat CGT de la Fédération nationale de la construction, bois et ameublement (FNSCBA) a, quant à lui, fait savoir qu'il attendait «beaucoup de ce procès». «La nocivité des fumées de bitume est avérée par les médecins, reste à la justice de le confirmer», s'est exprimé Christian Blicq, secrétaire fédéral CGT de la FNSCBA, espérant même que la décision du tribunal «pourrait faire jurisprudence».

 

En réalité, si ce cas ressort effectivement des maladies professionnelles, ce sont les rayons UV qui ont été retenus par le Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) comme cause du cancer de la peau de l'ouvrier décédé. En d'autres termes, c'est l'exposition au soleil et non aux fumées dégagées par le bitume qui est officiellement en cause. Si la recherche sur ce sujet continue, une étude épidémiologique menée en 2009 par l'Inserm pour le compte du Circ (Centre international de recherche sur le cancer) a démontré qu'il n'y avait pas d'association entre l'exposition cutanée, l'inhalation de fumées de bitume et les différents types de cancer.

 

En revanche, le risque lié à la chaleur du bitume lors de son application (environ 160°C) compte parmi les premiers responsables des accidents des chantiers de construction de route. Pour les éviter, les entreprises ont l'obligation de faire porter à leurs employés des vêtements couvrants, chaussures de sécurité et gants. Le masque de protection n'est pas obligatoire, sauf lorsque le chantier a lieu en milieu confiné (dans un tunnel par exemple). Depuis quelques années, les enrobées dites «tièdes» (c'est-à-dire appliquées à 100°C) ont fait leur apparition sur le marché. Leur utilisation aurait permis de réduire de trois-quarts les émissions de fumées et d'odeurs, un processus qui améliore les conditions de travail sur les chantiers de mise en œuvre de ces bitumes. Reste à démocratiser cette pratique.

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