Les pneus usagés peuvent encore servir sur les routes françaises : déchiquetés, ils entrent dans la composition d'un béton léger qui est installé en bordure d'axe routier en tant qu'absorbant acoustique. Explications avec Jean-Noël Monier, le directeur général de la société Capremib.
L'entreprise Capremib propose un béton de caoutchouc acoustique dont le matériau provient du recyclage de pneus en fin de vie. "Nous avons un contrat avec un fournisseur qui réduit les pneumatiques en granulats, avec une granulométrie adaptée, de la même taille que pour des granulats de bois", nous explique Jean-Noël Monier, le directeur général. Car la société produit déjà d'autres bétons légers, comme le béton de bois (incorporant donc du granulat de bois) ou le béton de pouzzolane (pierre volcanique), utilisés dans la confection d'écrans acoustiques.
Le béton de caoutchouc incorpore donc des billes de ce matériau qui lui confèrent des propriétés intéressantes en termes d'absorption phonique, proches de celles des autres bétons légers actuellement employés. Le produit offre l'avantage d'une pérennité plus importante, du fait de l'insensibilité du caoutchouc aux intempéries (pluie, gel, vent, UV) ainsi qu'aux moisissures. Imputrescible et inerte, il n'impose aucun retrait ni gonflement aux éléments de béton préfabriqués. Sa stabilité, puisqu'il est non dénaturé et non transformé, permet d'éviter toute opération d'entretien. "Et sa mise en œuvre n'est pas plus compliquée. Il n'est pas besoin de reconstruire un atelier complet si on est déjà équipé pour installer des bétons légers, de bois ou de pouzzolane", précise Jean-Noël Monier.
Performance acoustique et avantage esthétique
"Outre son aspect et ses performances phoniques, l'intérêt environnemental est évident avec la récupération de pneus qui allaient finir brûlés", souligne Jean-Noël Monier. Une logique de développement durable qui permet de recycler huit pneus de véhicules légers par mètre carré de revêtement produit. Or Capremib a déjà produit plus de 150.000 m² d'écrans acoustiques en béton de caoutchouc, dont 20.000 m² ont été installés sur la RN20, entre Arpajon et Longjumeau (Essonne), soit 1,2 million de pneus recyclés. "Les applications prévues sont évidemment sur les bords des routes ou des voies ferrées. On pourrait imaginer des applications sectorielles sur de l'habitat mais cela restera un marché confidentiel", conclut le directeur général. Les acteurs du BTP devraient donc, de plus en plus, se tourner vers ce type de produits issus de recyclats, qui réduisent l'empreinte écologique des activités humaines tout en ménageant les performances intrinsèques.
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