Les 23ème Rencontres nationales des agences d'urbanisme ont été un succès. Le débat sur l'identité des villes recoupait celui de la décentralisation.

" Comme si le bonheur était dans les palmarès ", s'exclame Didier Paris, professeur à l'Université Lille 1, spécialiste en géographie et en urbanisme. La bête noire des 23ème Rencontres de la Fédération nationale des Agences d'urbanisme (FNAU), c'étaient les classements des villes, produits par la presse depuis le milieu des années 1970 et dont, selon les urbanistes, la conséquence est d'avoir sur le mode de vie un point de vue normatif, conditionné.

L'universitaire a dénoncé des classements dont les critères sont souvent discutables et qui contribuent " à la stigmatisation des territoires et à l'exclusion ". Pire, selon lui, " l'acteur politique, et derrière lui le technicien, voient régulièrement leurs efforts annihilés. Ce qui peut apparaître injuste car, la nécessité incitant à l'action, ces villes et ces territoires sont souvent au cœur de l'innovation urbaine et sociale ".

Le principal moteur de ces classements, la " qualité de vie ", tient compte de nombreux paramètres, comme l'accès aux loisirs, à l'éducation, à la santé etc. Les villes, de leur côté, tentent de développer et de renforcer leurs images. "Les exemples ne manquent pas de villes ou d'agglomérations qui sont allées chercher au cœur de leur passé des modèles et des images parfois jugées 'peu glorieux' par rapport aux canons médiatiques traditionnels. Cette ré-appropriation du passé permet de réinsérer dans une histoire collective valorisée l'ensemble des groupes sociaux d'un territoire. Elle permet aussi d'affirmer une image originale et singulière", a expliqué, au cours de son allocution de clôture, le président de la FNAU.

Pour la fédération, les agences d'urbanisme ont un rôle particulier à jouer dans la construction de l'image des territoires. Pour André Rossinot (photo), le président de la FNAU, " les territoires urbains contemporains se sont dilatés au-delà de toute mesure et ils rassemblent des espaces très disparates : centre historique, banlieue industrielle ou résidentielle, espaces commerciaux périphériques, campagne péri-urbaine... ".

Donner un sens à ces ensembles est donc la mission que la FNAU souhaite voir confiée aux agences d'urbanisme. Et ce débat ne vient pas par inadvertance se glisser en plein pendant celui portant sur la deuxième phase de décentralisation, qui devrait aboutir à la mise en avant de territoires centrés sur une agglomération, ou sur une communauté d'agglomérations.

Nouveau maillage territorial

La FNAU estime que les agences permettent à leurs membres d'avoir à leur disposition " un outil de mutualisation de leurs savoirs, de capitalisation de leurs connaissances et de mise en cohérence de leurs projets ". Surtout, " elles permettent d'articuler les différentes échelles d'un territoire, de mettre en cohérence les politique publiques qui y sont menées et de créer une 'culture commune' qui va rendre possible l'élaboration d'un projet de développement partagé ", affirme André Rossinot.

Dominique Bussereau, Secrétaire d'Etat chargé des transports, qui représentait pour l'occasion Gilles de Robien, a renouvelé l'attachement du gouvernement aux agences d'urbanisme, soulignant le retard de la France dans ce domaine, et mettant en avant l'augmentation de la dotation, dans le budget 2003, permettant d'accompagner la création de nouvelles agences.

Evoquant les réflexions interministérielles engagées sur la question de l'harmonisation des lois Voynet, Chevènement et SRU, il a souligné que, alors que les principales associations d'élus ont été reçues le 19 novembre, un groupe de travail interne aux trois ministères doit remettre, " très prochainement ", un rapport d'analyse aux trois ministres, de l'Intérieur, de l'Equipement et des l'Aménagement du territoire.

Dans ce cadre, le Secrétaire d'Etat, après avoir renouvelé la confiance et la considération du gouvernement pour les agences d'urbanismes, a insisté sur le rôle de ces dernières dans la mise en place du nouveau maillage territorial de la France.

Les 23ème Rencontres ont rassemblé plus de 1.000 personnes, techniciens, élus, architectes, urbanistes, sociologues ou chercheurs. Ce mélange était un souhait d'André Rossinot, qui l'a salué dans son allocution de clôture : " En rassemblant l'ensemble des acteurs territoriaux autour d'une culture urbaine partagée, en produisant des projets qui marient les échelles et franchissant les frontières administratives, les agences d'urbanisme participent à la construction d'une image solidaire et unifiée. Elles sont aussi, à leur manière, des 'façonneuses d'images' ".

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