Le groupe de BTP et concessions a été victime d'un faux communiqué de presse, relayé par l'agence Bloomberg, qui annonçait le licenciement de son directeur financier et la découverte d'erreurs comptables d'un montant astronomique. Un piratage, revendiqué par des personnes hostiles à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui a fait chuter momentanément le titre Vinci en bourse.

C'est une action coup de poing 2.0 qu'auraient mené des opposants à l'aéroport Notre-Dame-des-Landes. En envoyant un faux communiqué de presse, évoquant le licenciement du directeur financier, Christian Labeyrie, ainsi que la découverte d'erreurs d'écritures comptables sur les exercices 2015 et de la première moitié de 2016, évoquant la somme de 3,5 Mrds € et des comptes qui seraient révisés, les pirates ont réussi à berner l'agence Bloomberg, spécialisée dans les services aux professionnels des marchés financiers et l'information économique. A 16h05, l'information est reprise par ce média, ce qui met le feu aux poudres : en quelques minutes, l'action de Vinci a perdu plus de 18 % de sa valeur.

 

Faux communiqué Vinci
Le faux courriel émanant d'une adresse en "@Vinci.group" reçu à la rédaction de Batiactu © Capture d'écran

 

La cotation du titre a été suspendue pendant 30 minutes, le temps qu'apparaisse un démenti : "Vinci vient de subir une très grave tentative de désinformation à caractère diffamatoire. Au travers d'un faux communiqué de presse usurpant l'identité de Vinci et renvoyant à un faux responsable de la communication du groupe, des personnes malveillantes ont porté atteinte à notre groupe", précise un courriel signé de Pierre Duprat, le directeur de la communication. De son côté, l'AFP, qui n'a pas été abusée par la fausse rumeur, indique la réaction d'un autre porte-parole du groupe : "Nous avons été hackés, et nous allons saisir l'AMF", l'autorité des marchés financiers. L'action a repris des couleurs, puisqu'à 17 heures, elle avait récupéré environ 15 % sur les 18 % qu'elle avait perdus. Il n'en reste pas moins que, dans un marché en hausse (+0,68 %), elle affiche une baisse de -3,14 % sans réelle raison. Le groupe, qui a démenti l'ensemble des "informations", explique désormais étudier toutes les actions judiciaires à donner suite à cette publication.

 

 

"Un nouvel acte de sabotage"

 

La première étape consistera à trouver les auteurs. Ces derniers ont toutefois laissé un indice en adressant un courriel de revendication à 17h35, grâce à une adresse e-mail "@vincigroup.com" (non officielle tout comme le suffixe "@vinci-group.com"). Dans un texte émaillé de fautes, on découvre : "Vinci vient de faire une dégringolade financière vertigineuse, ceci est un nouvel acte de sabotage à l'encontre de cette entreprise. La forêt de notre-dame-des-landes a elle-même sentie (sic) le béton reculer et ces occupants ont fêté se nouveau coup (sic) porté directement dans la bourse de ce monstre de béton". Il évoque également les coups que porteraient Vinci aux ouvriers népalais ou indiens "qui meurent chaque jour sur leurs chantiers au Quatar" (sic) et "des meurtres de journalistes en Russie pour s'être intéressé de trop près à la corruption autour d'un chantier d'autoroute". Les hacktivistes concluent : "Même si son empire économique semble solide, il y aura toujours des failles dans le béton pour l'éclater. Si l'argent est leur motivation, ils continueront d'en perdre, si leur but est de garder une bonne image, ils perdront la face. Car la vie est plus forte que l'oppression, les pelleteuses et l'exploitation".

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