Depuis 2015, l'urbanisation des terres repart à la hausse pour atteindre 30.000 hectares en 2016. Une situation qui alarme Fédération nationale des Safer, sociétés d'aménagement de l'espace rural.

Lors de sa conférence de presse annuelle, la Fédération nationale des Safer (FNSafer), sociétés d'aménagement de l'espace rural, s'est inquiétée de voir repartir à la hausse les ventes de terrains destinés à l'urbanisation. "Ménageons et partageons le territoire", réclame la fédération dans un communiqué. "L'artificialisation repart et l'accaparement des terres se poursuit ! Deux tendances majeures qui nous conduisent à des impasses", écrit-elle avant de mettre en avant les chiffres : "En France, le marché de l'artificialisation a été divisé par 2 entre 2007 et 2014. Mais, depuis 2015, il repart à la hausse".
"En 2016, le nombre de ventes de biens en vue de l'extension des villes, des bourgs et des infrastructures, a bondi de 22%, et les surfaces correspondantes de 24%", indique dans un rapport publié mardi la fédération de ces sociétés sans but lucratif, qui ont pour but de faciliter la mise en culture des terres et l'établissement des agriculteurs. "Il est probable que le rythme actuel de l'artificialisation (la bétonisation, ou la bitumisation des terres, NDLR) soit de 50.000 à 60.000 hectares par an, comme au début des années 2000", alerte ce rapport, qui craint la destruction de l'équivalent de la surface agricole d'un département tous les 5 à 6 ans. "Ne l'oublions pas : la vie de chacun d'entre nous dépend des espaces naturels (agricoles, forestiers et autres). Ces espaces étant finis, un monde durable exige l'arrêt de l'imperméabilisation de nos territoires", souligne la FNSafer.

 

Les zones urbanisées "sont souvent les terres les meilleures", Robert Levesque

 

"On a déjà perdu 2,5 millions d'hectares par l'urbanisation entre 1960 et 2010 et on pourrait en perdre autant d'ici 2060, c'est à dire qu'on va réduire de 8 à 9% la surface agricole française", s'inquiète Robert Levesque, directeur du bureau d'étude auteur du rapport, contacté par l'AFP. Il souligne qu'en périphérie des villes, les zones urbanisées "sont souvent les terres les meilleures" : "les villes, souvent, se sont installées en régions fertiles et, donc, on urbanise les régions fertiles", poursuit-il.

 

 

"Depuis 1999, 2005, et depuis 2009, on a mis en place un certain nombre de mesures qui voulaient freiner l'extension urbaine", explique le directeur du rapport, pour qui les outils mis en place ne sont pas efficients : "c'est bien l'explosion de la bulle financière fin 2008 qui a conduit à une contraction de l'extension urbaine" et depuis 2014, sur une conjoncture économique, on repart un peu à la hausse".

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