Plusieurs fois récompensée, la démarche BIM du campus Thales de Bordeaux a été menée par le groupe GA. Mais quelle est la différence entre ce processus "FullBIM" et un projet BIM plus classique ? R.V., le directeur R&D Innovation du groupe GA, nous apporte son éclairage.

Doublement récompensé lors des Tekla Global BIM Awards 2016, le projet de campus Thales à Bordeaux a été distingué dans la catégorie "Meilleur projet Commercial" mais il a également décroché le très convoité titre de "Meilleur projet BIM 2016", la récompense suprême de ce concours. Quelles sont les caractéristiques qui ont réellement fait la différence ?

 

 

A propos du projet, le jury avait déclaré : "La construction s'est déroulée sur une période de 18 mois seulement, grâce à une communication performante et à des informations de qualité, disponibles au moment opportun". Un peu plus loin, il poursuivait : "Le contractant général, en charge de la conception, de la fabrication, et de la construction, a mis en place un processus très rationnalisé". C'est le groupe GA lui-même qui a développé ce processus, nommé "FullBIM". R.V., le directeur R&D Innovation, nous explique : "Dans le principe, nous sommes partis sur un process ouvert, pas un outil particulier. Sur ce projet Thales, de nombreux lots étaient sous-traités, y compris l'exploitation, confiée à Vinci Facilities. De son côté, le commanditaire, Thales, n'a pas spécialement émit le souhait d'un travail BIM poussé, mais juste un process standard". Cependant, face au nombre d'entreprises intervenantes, le groupe GA a mis en place une cellule BIM de coordination, destinée à fonctionner en avance de phase par rapport au chantier.

 

Un nombre impressionnant d'outils métiers à coordonner

 

 

Elle était chargée de faire la synthèse des maquettes numériques selon les principes d'une charte BIM, définie avec les besoins exprimés par Thales, sans imposer de travail sur un seul et même logiciel. "Nous risquions de perdre les compétences spécifiques des métiers, d'où la mise en place d'une plateforme collaborative. Le travail mené en gros œuvre et lot architecture avec Tekla Structure a permis ensuite aux autres lots des travaux de modéliser très vite des éléments", poursuit le spécialiste. D'autres corps de métiers travaillaient avec Rhino 3D, Athena (serrurerie, métallerie) ou des fichiers dwg classiques pour le lot "Voiries et Réseaux divers". "Pour les lots techniques, qui utilisent Revit, comme la CVC-plomberie, la démarche BIM était déjà en place, il s'agissait seulement de consolider une base existante. Pour le lot 'sprinklers' (sécurité incendie), où ils utilisent Autocad MEP, ils ne savaient même pas qu'ils faisaient du BIM ! Mais les lots électricité courant fort et courant faible, confiés à Spie et Cegelec, ont été les plus complexes".

 

Le but de la cellule dédiée du groupe GA était donc d'animer et coordonner le tout - comme un BIM manager - et d'obtenir un réel avatar de ce qui se ferait sur le chantier, en accompagnant tous les intervenants qui présentaient des degrés divers d'avancement dans la méthodologie de travail avec la maquette numérique. "Certains partaient de zéro", confie R.V., qui explique avoir modélisé, mis à disposition et trouvé des informations pour tous les lots. Le nombre d'outils différents utilisés était donc énorme, la seule contrainte étant de communiquer grâce au format IFC 2x3. "La cellule BIM management comptait trois personnes dédiées. Etant donné la multiplicité de compétences qu'il fallait avoir, expertise logicielle, coordination des modèles, lien avec les clients et partenaires, il était difficile de les retrouver réunies en une seule personne", relate le directeur R&D Innovation de GA. Le secret : "Communiquer régulièrement, exploiter les feedbacks des différents sous-traitants via la plateforme collaborative, tout rendre lisible pour tous, pour que chacun y retrouve ses petits sans bouleverser les processus propres à chacun, mais livrer des données compilables cohérentes".

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