A Paris, en lieu et place d'une petite maison, se dresse aujourd'hui une habitation individuelle s'élevant sur 9 niveaux. Sa particularité ? Une enveloppe en maillage qui permet de voir de l'intérieur sans être vu de l'extérieur. Visite.

Voir sans être vu, une problématique récurrente lorsque l'on habite en zone dense avec un vis-à-vis. C'était le cas de cette petite maison, imbriquée entre deux immeubles du quatorzième arrondissement de Paris, dont l'emplacement séduit le couple qui s'en porte acquéreur. Trop petite pour leur projet, la bâtisse est vouée à la démolition.

 

Découvrant l'agence Wild Rabbits Architecture, les nouveaux propriétaires sollicitent Vladimir Doray pour qu'il leur imagine "une maison de dingue, en lieu et place de cette maison petite, moche et triste", se souvient l'architecte. "Un véritable défi, compte tenu de la taille et la forme de la parcelle, de la proximité du bâtiment côté cour et de la hauteur des bâtiments à proximité", ajoute-t-il.

 

Pour appliquer à la lettre les règles d'urbanisme, tout en créant un logement agréable à vivre en tout point, protégé des regards extérieurs sans être assombri, et spacieux, l'équipe de WRA a imaginé une maison sculpturale répartie sur 9 niveaux, entre ciel et terre. Et, en façade, une incroyable enveloppe de maille plissée sur une hauteur de 18 mètres comme un origami de métal...

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Protégé des regards par un manteau de maille

La façade de la Maison plissée et son origami de métal
La façade de la Maison plissée et son origami de métal © Daniel Moulinet
Il aura fallu six ans de travail et de chantier pour obtenir la Maison plissée, cette maison individuelle parisienne unique en son genre. Ce qui surprend le plus, en arrivant au pied de la construction, c'est sa façade hors du commun. Elle descend du dernier étage de la maison (au pied de la toiture terrasse) et enveloppe la bâtisse jusqu'au deuxième niveau.

Une cote de maille comme rideau pour voir sans être vu

La façade est pliée comme un origami et protège des regards extérieurs
La façade est pliée comme un origami et protège des regards extérieurs © Daniel Moulinet
"Nous voulions innover, avec une façade épaisse qui répondrait à un problème de vis-à-vis", explique Vladimir Doray, interrogé par Maison à part. Résultat : une cote de maille de 18 mètres de haut, repliée sur toute sa hauteur comme un origami. De l'extérieur, impossible de deviner les détails de la maison ; à partir des pièces de la maison, on voit comme à travers une vitre (ou presque) et la lumière diffuse parfaitement.

Maison plissée, un projet soutenu par la Ville de Paris

L'architecture moderne se marie bien avec le voisinage
L'architecture moderne se marie bien avec le voisinage © Daniel Moulinet
Projet pour le moins original que celui de la Maison plissée, qui aurait pu se voir retoqué par les services d'urbanisme de la Capitale. Pourtant, insiste Vladimir Doray, c'est la Ville de Paris elle-même qui a choisi de soutenir ce projet innovant et astucieux, "même si nous avons dû les rassurer sur la faisabilité".

Une sensation vertigineuse sur le balcon en cote de maille

Le balcon en grille métallique de la Maison plissée
Le balcon en grille métallique de la Maison plissée © Daniel Moulinet
La maille se présente comme une seconde peau, devant la façade de la maison. Ainsi, sur 4 des 7 étages, un balcon s'ouvre sur l'extérieur. On y est protégé des regards extérieurs... pour peu que l'on surmonte la peur du vide, puisqu'il convient de marcher sur des grilles en métal, conçues pour prolonger la transparence de l'enveloppe métallique.

Vue de l'intérieur, une lumière sans obstacle

De l'intérieur, la maille ne gêne pas le regard
De l'intérieur, la maille ne gêne pas le regard © Yvan Moreau
Si, de l'extérieur, les occupants de la maison sont protégés du regard des voisins, de l'intérieur en revanche, la structure métallique est à peine perceptible. La luminosité est optimale grâce à de grandes baies vitrées pleine largeur et toute hauteur. Ici, au 3e étage, seul le montant central vient briser la vue. "Sur les étages centraux, nous rendu l'espace modulable, précise Vladimir Doray. Il est ainsi possible de dresser une cloison au niveau de ce montant, pour couper la pièce en deux". Un atout puisque les étages les plus vastes ne dépassent pas les 40 m2.

Une cuisine tout en transparence

Vue de la salle à manger de la Maison plissée
Vue de la salle à manger de la Maison plissée © Daniel Moulinet
Montons à présent jusqu'au 6e et dernier étage clos, celui de la cuisine. Elle s'ouvre sur un vide sur séjour qui prolonge la transparence imposée par le garde-corps en verre. "La lumière est partout présente, y compris sur le mur adjacent, dont le haut est équipé d'un bandeau de verre", souligne l'architecte.

Une cuisine qui mêle couleurs pop et matériaux bruts

Vue de la cuisine de la Maison plissée
Vue de la cuisine de la Maison plissée © Yvan Moreau
A tous les étages, les architectes ont choisi de laisser apparaître les matériaux bruts de la construction, notamment le béton et l'acier. Des matières dont la froideur est réchauffée par une décoration moderne et colorée, signée Alexandra Selig. "Nous avons cherché à créer des nids douillets à chaque étage, autour de l'ascenseur central", nous explique-t-elle. Au 6e étage, cela se traduit par un billot orange fluo et du mobilier vintage.

Un salon baigné de lumière

Vide sur séjour et lumière naturelle
Vide sur séjour et lumière naturelle © Yvan Moreau
Les 40 m2 du salon sont baignés de lumière grâce d'une part à la baie vitrée ouvrant sur la façade en maille, côté rue, d'autre part à une grande fenêtre ouvrant sur la cour. "Le béton brut, une belle matière selon nous, a été ici associé à un velours chaleureux pour réchauffer l'ambiance", précise Alexandre Selig. Les plafonds sont laissés bruts mais vernis, pour apporter encore plus de lumière.

Des pièces pensées comme les branches d'un arbre

Un salon qui déborde, à l'occasion, sur le balcon de métal
Un salon qui déborde, à l'occasion, sur le balcon de métal © Daniel Moulinet
Cette maison se dresse littéralement entre ciel et terre, habitation verticale où la vie se centralise dans les étages les plus élevés (et les plus lumineux). Alexandra Selig utilise une belle métaphore pour décrire les lieux : "chaque étage est comme la branche d'un arbre dont le tronc serait l'ascenseur central ; ainsi, chaque espace est un nid qui doit être confortable, et nous avons choisi le ciel comme fil conducteur". Une touche céleste symbolisée par un papier peint panoramique représentant le ciel dans des états différents en fonction de l'étage.

 

Le mur de l'immeuble adjacent a été laissé brut. Une volonté, pour Vladimir Doray, de laisser deviner l'absence de double mur sur les côtés de la Maison plissée.

Un coin lecture arty et contemporain

Un coin lecture arty
Un coin lecture arty © Yvan Moreau
Côté cour, un petit coin lecture a été aménagé autour d'un beau fauteuil Husk signé Patricia Urquiola, et d'une lampe Pipistrello. Un espace aux accents arty souhaité par les propriétaires, amateurs d'art, dont ils ont confié la réalisation à Alexandra Selig.

Une suite parentale enveloppée de velours

Une suite parentale entre matériaux bruts et chaleur du bois
Une suite parentale entre matériaux bruts et chaleur du bois © Daniel Moulinet
Descendons jusqu'au 4e étage, celui qui accueille la suite parentale. Une grande lit double fait face au manteau métallique, sans dévoiler l'intimité du couple aux regards extérieurs. En face, un dressing toute hauteur fait le lien avec la salle de bains spacieuse (hors champ, à gauche). "A chaque étage, nous avons conçu une décoration différente, car la luminosité est variable et l'ambiance également", souligne Alexandra Selig.

Un hammam clair grâce à un puits de lumière

Salle de bains de la chambre d'amis et hammam lumineux
Salle de bains de la chambre d'amis et hammam lumineux © Yvan Moreau
Au deuxième étage, une chambre d'amis a été installée. Contiguë, une belle salle de bains aux accents orientaux semble ne faire qu'un avec un hammam (ici, à droite), décliné dans une version beaucoup plus claire qu'à l'habitude. Et pour cause : la pièce bénéficie d'un puits de lumière au plafond et d'une fenêtre ouvrant sur une mini terrasse côté cour.

Un duplex individuel aux deux étages inférieurs

La chambre, en haut du duplex indépendant
La chambre, en haut du duplex indépendant © Daniel Moulinet
Enfin, aux deux premiers étages de la maison, une entrée séparée permet d'accéder à un duplex indépendant, destiné à la famille des propriétaires. Une déco dans la continuité du reste de la maison, mais une conception distincte.

Une toiture terrasse avec vue sur Paris

La terrasse de la Maison plissée avec vue sur Paris
La terrasse de la Maison plissée avec vue sur Paris © Daniel Moulinet
Cerise sur le gâteau, la Maison plissée bénéficie d'une magnifique vue sur les toits parisiens à partir de sa toiture terrasse. On y surplombe l'enveloppe de maille, tout en profitant du véritable ciel de la Capitale...

Une maison sculpturale entre transparence et modernité

Un beau lustre aux ampoules nues dans le vide sur séjour
Un beau lustre aux ampoules nues dans le vide sur séjour © Yvan Moreau
Fiche technique :

 

Maison plissée - démolition d'une maison de ville et reconstruction d'une maison
Maître d'ouvrage : privé
Maître d'oeuvre : Wild Rabbits Architecture
Bureau d'études : Scoping Ingénierie - Ravier fluides concept
Construction : Sogea Nord Ouest
Façade métallique : Metalex
Décoration : Selig & Renault
Paysagiste : Atelier Gabriel
Lieu : Paris 14
Niveaux : 7 + sous-sol + toiture
Surface : 258 m2
Budget : non communiqué