LOGEMENT SOCIAL. Le monde HLM se réunira en Congrès du 24 au 26 septembre prochain pour tenter de défendre son "modèle français". Modèle qui se retrouve à la croisée des chemins, entre mise en application de la clause de revoyure et climat électoral qui risque de bloquer la machine bâtisseuse.

Le 24 septembre prochain, l'Union des fédérations d'organismes HLM célèbrera les 80 printemps de son Congrès. Après la précédente édition où la fête avait été gâchée par la loi de Finances 2019, le monde HLM peut souffler un peu, pour éteindre ses 80 bougies. Après la signature de la clause de revoyure à Matignon en avril dernier, les acteurs du logement social sont parvenus à réduire leurs coupes budgétaires de 1,5 milliard à 1,3 milliard d'euros. En échange, le secteur HLM s'engage à programmer 110.000 constructions neuves et 125.000 rénovations thermiques par an.

 

L'heure n'est pourtant pas encore à la fête pour le logement social cette année. En 2019, les bailleurs ont dû verser la totalité des cotisations au Fonds national des aides à la pierre (Fnap), à la Caisse de garantie du logement locatif social (CGLLS) et la TVA majorée sur la construction. "Nous sommes toujours secoués par les effets successifs des lois de Finance", concède sans ambages la directrice générale de l'Union sociale pour l'habitat (USH) Marianne Louis, lors d'une présentation du prochain Congrès qui se tiendra Porte de Versailles à Paris.

 

Pour elle, la clause de revoyure apporte un sursis et une visibilité pour les trois prochaines années, et le Congrès devra ouvrir la réflexion sur la période qui suivra. L'année 2020 apporte déjà son lot d'incertitudes, échéance électorale ne rimant pas avec fièvre bâtisseuse.

 

7% de rotation en Île-de-France

 

Pour les bailleurs sociaux, l'année 2019 a permis de sauver les meubles, selon les premières tendances dressées par l'USH. Après une baisse des agréments de 4% en 2018 - plus fortement ressentie dans les prêts locatifs sociaux - l'année 2019 sera " sans doute (celle) d'une stabilisation, voire une légère croissance", a affirmé Dominique Hoorens, directeur des études économiques et financières de l'USH.

 

Ce retour à l'équilibre est le résultat de forces contraires : d'une part, la restructuration du secteur et la réduction du loyer de solidarité (qui a coûté 800 millions d'euros cette année) et d'une autre, un effet de dépôt massif de permis de construire en anticipant la période des élections municipales qui a plutôt tendance à mettre un coup de frein au processus constructif.

 

Pour Jean-Luc Vidon, président de l'Aorif, regroupement de bailleurs franciliens, le choc de construction est urgent dans la région-capitale. "Nous sommes inquiets car le nombre d'attributions baisse un peu plus chaque année, le taux de rotation en Ile-de-France est d'environ 7% et à moins de 5% à Paris", déplore-t-il. En Ile-de-France, la machine de la mobilité semble grippée, et la courbe des attributions s'éloigne de plus en plus de celle des demandes. En 2018, 720.000 demandeurs se trouvaient en liste d'attente, pour seulement 74.000 attributions.

 

Le Congrès, qui doit débuter le même jour où sera présenté le premier texte du projet de loi de finances, mettra également en lumière d'autres interrogations sur le modèle économique du logement social ou l'intégration des APL dans le futur revenu universel d'activité.

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