CONJONCTURE. La croissance de l'activité des entreprises artisanales du bâtiment a commencé à ralentir au 3e trimestre de l'année. En cause, le coup d'arrêt à la construction neuve et les restrictions du CITE, selon la Capeb. Un ralentissement qui inquiète Patrick Liébus, le président de la confédération.

"La croissance dans l'artisanat du bâtiment a ralenti au 3e trimestre 2018, marqué par un essoufflement de la construction neuve", révèle Patrick Liébus, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), en dévoilant les chiffres de l'activité du secteur. Même si le repli n'est pas encore à l'ordre du jour, le mouvement semble significatif : alors que le 2e trimestre de 2018 avait été particulièrement vigoureux (+3,5 %), la croissance globale n'est plus que de +2,5 % trois mois plus tard. La construction neuve a particulièrement marqué le pas, en affichant une croissance de +4 % contre +5,5 % au trimestre antérieur. La rénovation s'est même encore moins bien maintenue puisque les activités d'entretien de l'existant n'est que de +1,5 %. Le volume des travaux d'amélioration de la performance énergétique a encore plus ralenti, avec une croissance qui n'est plus que de +1 %. Le président de la Capeb déclare : "Sans surprise, les mesures engagées par le gouvernement, particulièrement les restrictions du CITE (exclusion des fenêtres et chaudières fioul), ont un effet délétère sur notre activité. Les travaux d'amélioration énergétique des logements accusent un net ralentissement de l'activité mais aussi une baisse de leurs carnets de commandes". Ce qui lui fait ajouter : "Ce ralentissement laisse présager une année 2019 beaucoup moins dynamique".

 

Les rénovations énergétiques en panne

 

En effet, dans le neuf, le nombre de permis de construire est en baisse à 474.000 (-5 %) ce qui conduira mécaniquement à un recul des mises en chantier dans les prochains mois. La Capeb analyse : "Malgré des conditions de crédit encore très attractives, la construction neuve commence à subir les contrecoups des mesures gouvernementales prises en début d'année (PTZ, réforme du modèle HLM…)". Concernant l'emploi, les entreprises de moins de 20 salariés continuent d'embaucher avec une augmentation des effectifs de +1,2 % sur un an. Quant aux carnets de commandes, ils diminuent peu à peu : au 3e trimestre de 2018, ils ne représentaient plus que 80 jours d'activité contre 90 un an auparavant. Et l'effet est particulièrement sensible pour les menuisiers qui sont 30 % à prévoir une baisse de leur chiffre d'affaires. Côté trésorerie, 18 % des entreprises faisaient état d'un besoin contre 28 % à la même période de 2017. Et le montant moyen de ces besoins a légèrement cru pour atteindre les 24.000 € (+9 %).

 

 

Géographiquement, la croissance reste plus marquée dans les régions de l'Ouest et du Sud de la France avec les Pays-de-Loire (+3,5 %), Auvergne-Rhône-Alpes (+3 %) et PACA (+3 %). Les zones centrales comme Centre-Val de Loire et Bourgogne-Franche-Comté, ne progressent plus que de +1,5 %. Quant aux métiers, les activités de couverture-plomberie-chauffage maintiennent un bon rythme (+3,5 %), alors que l'aménagement-décoration-plâtrerie est moins vif (+1,5 %). Patrick Liébus conclut : "Nous ne pouvons qu'être inquiets pour la suite si rien ne change ! Nous attendons donc des pouvoirs publics des mesures stables et d'envergure pour soutenir l'activité et favoriser les travaux de performance énergétique". Au micro de RTL, au début du mois d'octobre, il expliquait déjà sur l'enveloppe allouée au Crédit d'impôts Transition énergétique (CITE) : "Le budget, maintenant, est à 800 millions d'euros, c'est ce qui est annoncé (…) Il était prévu à près d'un milliard d'euros ; il faut au moins 1,2 milliard pour arriver à atteindre les objectifs. 500.000 [rénovations énergétique] cela peut se tenir, sous conditions d'avoir les moyens".

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