INTERNATIONAL. Outre-Rhin, "le taux de rénovation énergétique stagne à 1% par an depuis une quinzaine d'années, alors qu'il avait atteint 3% à 4% après la réunification", a indiqué Bénédicte Winter, du Germany Trade & Invest, lors d'une conférence à l'occasion du salon Batimat à Villepinte (Seine-Saint-Denis).

Croissance économique, balance commerciale, taux de chômage… La France souffre souvent de la comparaison avec l'Allemagne. Mais s'il y a un domaine dans lequel l'Hexagone n'a pas à rougir face à sa voisine de l'Est, c'est bien la rénovation énergétique des bâtiments. Certes, la France s'interroge toujours sur la façon d'atteindre son objectif de 500.000 logements rénovés par an, mais l'Allemagne aussi traîne les pieds dans ce domaine. Outre-Rhin, "le taux de rénovation énergétique stagne à 1% par an depuis une quinzaine d'années, alors qu'il avait atteint 3% à 4% après la réunification", a indiqué Bénédicte Winter, du Germany Trade & Invest, lors d'une conférence à l'occasion du salon Batimat à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Le pays est donc loin d'atteindre son objectif d'une réduction de 80% de la consommation d'énergie primaire des bâtiments en 2050, par rapport au niveau de 2008. Cette diminution n'atteignait en effet que 18,8% en 2017.

 

Il faut dire qu'à l'image de la France, l'Allemagne pâtit d'un parc immobilier relativement ancien, construit à 70% avant la première réglementation thermique de 1979. Une ancienneté qui vaut également pour les systèmes de chauffage, lesquels fonctionnent essentiellement avec des énergies fossiles. "Pendant 10, 15 ans, on n'a quasiment rien fait pour le bâti", a déploré au cours de la même conférence Arnulf Dinkel, de l'institut Fraunhofer ISE.

 

"Le problème reste la motivation"

 

Afin d'accélérer la cadence en matière de transition énergétique, le gouvernement allemand a dévoilé en septembre un projet de loi destiné à protéger le climat. Une autre similitude avec la France et son projet de loi Energie-Climat définitivement adopté par l'Assemblée nationale en septembre dernier. Ce paquet climat du gouvernement allemand comprend notamment un crédit d'impôt efficacité énergétique pour les particuliers qui entreprendront des travaux de rénovation énergétique. "C'était attendu depuis 10 ans, cela devrait inciter les petits propriétaires à investir", espère Bénédicte Winter. Dans la même veine, une prime au remplacement des installations de chauffage subventionnera 40% des coûts associés.

 

Moins optimiste, Arnulf Dinkel juge que "le problème (reste) la motivation", et non les instruments financiers, qui sont "bons." De fait, les subventions et les crédits à taux préférentiels de la KfW, la banque de la reconstruction, ont profité à 2,8 millions de logements de 2005 à 2017. Autrement dit, la KfW a financé un tiers des opérations de rénovation énergétique sur cette période. "Comme souvent, l'Allemagne a préféré une politique d'incitation à la mise en place de réglementations. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle n'a pas eu recours aux certificats d'économie d'énergie, à la différence de la France", explique Bénédicte Winter. Une démarche incitative qui semble montrer là ses limites.

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