MATIÈRES PREMIÈRES. Le ministère de l'Économie vient d'annoncer, ce 15 juin 2021, trois mesures pour tenter de contrer les effets néfastes de la pénurie de matériaux à laquelle sont confrontés les acteurs du BTP.

Alors que le secteur du BTP est confronté à un effet ciseau, avec un ralentissement du marché en 2020 et une vive reprise en 2021, les pénuries de matières et les hausses de prix qui en découlent impactent fortement son activité. Le ministère de l'Économie vient donc, ce mardi 15 juin 2021, d'annoncer trois mesures "immédiates" pour tenter de soulager le secteur.

 

Une circulaire sera ainsi, dans les prochaines heures, signée et envoyée aux acheteurs de l'État. Ceux-ci seront invités à "ne pas appliquer de pénalités de retard" si le retard constaté est lié à la pénurie de matières premières, comme l'a expliqué le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, lors d'un point presse. Pour lui, les pénuries actuelles constituent "un cas de force majeure", ce qui justifie une telle décision. Le gouvernement appelle les collectivités locales à faire de même.


"La règle doit être la solidarité entre les acteurs"

 

Une autre décision est la création d'un comité de crise qui aura vocation à faire remonter les comportements anormaux. "La règle doit être la solidarité entre les acteurs", a martelé Bruno Le Maire, qui a précisé que le gouvernement était prêt à aller jusqu'à publier les noms des entités ne jouant pas le jeu, suivant le principe anglo-saxon du "name and shame". Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises, pilotera ce comité. Enfin, une médiation de filière sera mise sur pied d'ici à quelques semaines, pour "amortir au mieux le choc de la crise sur l'ensemble des acteurs" - cela avait déjà été annoncé il y a quelques semaines.

 

 

Questionnée au sujet de la manière avec laquelle la pénurie de bois pourrait empêcher la bonne entrée en vigueur de la réglementation environnementale 2020 (RE2020), la ministre déléguée au Logement, Emmanuelle Wargon, a rappelé que les seuils obligatoires au 1er janvier 2022 ne constitueraient pas un "couperet" quant aux types de matériaux utilisés. L'évolution concernera surtout, en 2022, les émissions de gaz à effet de serre des vecteurs énergétiques (et, pourrait-on ajouter, l'efficacité énergétique des bâtiments neufs du fait des exigences rehaussées en Bbio). C'est seulement à partir de 2025, puis 2028, que les seuils sur les matériaux se feront plus exigeants et que le recours aux biosourcés deviendra, de fait, quasi-obligatoire. La question reste de savoir si les soucis de pénuries rencontrés aujourd'hui sont conjoncturels ou structurels, ce que personne ne sait pour le moment.

Le ministre invite les acteurs de la filière à se "serrer les coudes"

 

D'autres propositions émanant des organisations professionnelles du BTP sont actuellement à l'étude par le ministère. Un prochain rendez-vous est prévu entre l'État et les acteurs dans quelques semaines. Au-delà ces décisions étatiques, Bruno Le Maire a aussi invité les acteurs de la filière à se "serrer les coudes". "La meilleure réponse, c'est celle-ci", a-t-il assuré. "Les acteurs - donneurs d'ordres, producteurs, petites entreprises... - doivent trouver des solutions, et aménager les délais et les coûts." Pour lui, en tout cas, l'arrêt des chantiers n'est pas la bonne solution.

 

La Fédération française du bâtiment (FFB) demande un crédit d'impôt

 

Si la FFB salue les annonces de Bruno Le Maire, notamment la mise en place d'un comité de crise, elle souhaiterait que l'État aille plus loin. Dans un communiqué de presse diffusé ce 15 juin, elle demande par exemple la création d'un crédit d'impôt proportionnel au poste "achat de matériaux" pour limiter l'impact de la hausse des prix ; mais aussi une compensation intégrale du chômage partiel (comme lors du premier confinement) en cas de rupture d'approvisionnement. L'organisation professionnelle espère un retour rapide du gouvernement sur ces points.

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