EXPOSITION.Parmi les 65 pavillons internationaux qui ont pris leur quartier à Venise, certains nous ont laissé pantois, d'autres émerveillé, d'autres encore totalement fasciné. Découvrez nos coups de coeur de la Mostra architecturale de Venise.

Portes, fenêtres, escaliers, plafonds, poignées, murs et aussi façades… Dès que l'on pénètre dans le Pavillon central de la Biennale 2014, en plein coeur des Giardini, on est comme dans une auberge espagnole, où les quinze éléments architecturaux placés sous le thème de la modernité nous prennent d'assaut. En compagnie des 4.000 journalistes et architectes présents sur l'événement on y débusque l'histoire de chacun de ces éléments pivots de l'architecture, et l'on y retrouve enfin les révolutions numériques et matérielles qui ont bouleversé le monde architectural.

 

Pavillon central de la Biennale
A l'intérieur du pavillon central de la Biennale, les éléments "fondamentaux" y sont dévoilés. © S.C Batiactu
Kyrielle de maquettes et scénographies
Pour une première immersion à cette Mostra architecturale, l'éblouissement est de mise. On est tout de suite subjugué par les efforts déployés par l'architecte néerlandais Rem Khoolhaas autour du pavillon Monditalia. Le prix Priztker 2000 stigmatise ainsi "les contradictions de l'architecture contemporaine en partant du cas emblématique de l'Italie".

 

On est ensuite surpris par la densité du parcours de l'exposition dans les immenses salles de l'arsenal, l'ancien chantier naval de Venise. On y observe une kyrielle de maquettes et d'immenses affiches et scénographies montrant la démesure de nombreuses réalisations construites dans le Nord et le Sud de la botte italienne, à l'image des cathédrales dans le désert.

 

Un long couloir nous transporte du site antique de Pompéi victime, de nombreux effondrements, jusqu'à l'île de la Maddalena en Sardaigne où a été construit un magnifique centre de congrès pour y organiser un G8, on découvre des clichés subjectifs sur la mafia. On s'étonne de voir des somptueuses villas de patrons de la mafia ou les complexes résidentiels imaginés par l'ex-chef de gouvernement Silvio Berlusconi à la périphérie de Milan…

 

Blessure, démesure... sur fond de scandale
Certains pavillons comme ceux du Japon, de la Russie, de la Corée du Sud ou du Chili, contraints d'après l'architecte néerlandais de se "moderniser à vitesse accélérée", nous laissent pantois que cela soit dans le site des Giardini ou dans l'une des grandes salles de l'Arsenale. Au Chili (Ndlr : Lion d'Argent), un immense mur de béton armé incarne tout clairement les blessures infligées au Chili par l'histoire récente. En Russie, un show commercial démontre les 20 idées les plus symboliques de la pensée architecturale russe au cours des 100 dernières années... Et en Corée du Sud, Lion d'Or de la manifestation, l'exposition ne laisse pas indifférent : les maquettes illustrant la réflexion architecturale de la péninsule nous donnent l'envie d'en savoir davantage. De même, le pavillon marocain, à travers un bac à sable sur une surface de 200 m² imaginé notamment par des architectes français, nous émerveille.

 

Clin d'œil aussi au pavillon français inspiré par Jean-Louis Cohen qui décroche une mention spéciale. N'oublions pas non plus les modules de construction du pavillon chinois en matériau recyclé à partir de boîtes de lait. L'exposition raconte un pays qui regarde vers l'avenir en s'inspirant du passé.

 

Enfin, l'architecture n'a pas échappé pas au scandale. Alors que s'ouvrait la 14e Biennale, la semaine dernière, trois jours avant l'arrivée du grand public, samedi 7 juin, on apprenait l'arrestation du maire de Venise et de trente-cinq autres personnes, dans le cadre d'une vaste enquête pour corruption et blanchiment d'argent lié à l'opération Moïse, titanesque chantier de 5,5 milliards d'euros destiné à protéger la ville des inondations par 78 digues de béton… Cette atmosphère pesant sur le lagon vénitien n'a pas empêché les 65 pavillons de dégager un air de fraicheur et de modernité.

 

La canadienne Phyllis Lambert lauréate du Lion d'Or
Phyllis Lambert Lion D\'or
Phyllis Lambert. © JBC Média par Claude Gagnon
Phyllis Lambert, philanthrope et fondatrice du Canadian Center for Architecture, a reçu le Lion d'Or de la 14e Biennale d'architecture de Venise, honorant un "Lifetime Achievement". Avec les architectes Philip Johnson et Ludwig Mies van der Rohe, Phyllis Lambert a commandé le Seagram Building à New York, à l'emplacement du siège de la distillerie de son père Joseph E. Seagram & Sons. Achevé en 1958, cet édifice a immédiatement été considéré comme un triomphe du modernisme puis est devenu l'hôte de la célèbre Four Seasons Brasserie. Le commissaire de la Biennale, Rem Koolhaas a déclaré samedi 7 juin lors de la remise des prix à son propos : "Ce n'est pas en tant qu'architecte, mais en tant que client que Phyllis Lambert a apporté une immense contribution à l'architecture."

 

Découvrez nos coups de coeur de la Mostra de Venise, dès la page 2.

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