PLAN D'ACTIONS. Le ministre de la Transition écologique et solidaire défend son plan pour la biodiversité. En donnant comme philosophie générale l'idée de "sortir des projets démesurés".

"Sortir de la logique des projets démesurés", "sanctuariser les terres agricoles", "désartificialiser les sols"... Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a clairement annoncé la couleur lors d'une intervention sur la radio Europe 1. Elle faisait suite à l'annonce, par le Gouvernement, de 90 mesures intégrées dans un plan pour la biodiversité.

 

Artificialisation : "Il y a eu une gourmandise excessive"

 

"Avec ce plan, nous entrons dans l'opérationnel, c'est une mobilisation générale avec en ligne de mire l'objectif suivant : que la France soit chef de file sur la biodiversité comme elle l'est sur le climat", a expliqué le ministre. L'un des principaux axes consiste à mettre un frein au phénomène de 'bétonisation'. "C'est l'équation la plus compliquée à résoudre. Car la consommation de terres peut se justifier, par exemple s'il s'agit de construire des logements. Toutefois, il y a eu une gourmandise excessive." Le ministre souhaite s'appuyer sur ce qu'il ressent sur le terrain, à savoir un changement de mentalité. "Les maires souhaitent aujourd'hui revitaliser leurs centre-ville désertés. Nous allons donc payer des expérimentations dans des collectivités avec les plans d'investissement d'avenir et l'Ademe, pour désartificialiser."

 

 

Un projet qui se fera en deux étapes. "Tout d'abord, nous attendons de la transparence de la part des collectivités : qu'elles communiquent leur dynamique d'artificialisation." A terme, l'objectif envisagé est que, pour chaque mètre carré consommé, on crée un mètre carré d'espaces naturels. Pour l'instant, aucun calendrier n'est connu. Il devrait être défini dans un an. Mais une chose est sûre: si ces évolutions ne se font pas naturellement, l'État n'hésitera pas à intervenir pour contraindre les acteurs, par exemple en instaurant un moratoire sur l'ouverture de nouveaux centres commerciaux.

"Peut-on densifier et construire moins cher, alors que toutes les études montrent le
contraire ?"

 

Ces prises de position n'ont pas été sans créer quelques remous au sein des acteurs de la construction. "Sans contester la réalité de l'artificialisation des sols, les Constructeurs aménageurs de la FFB (LCA-FFB) regrettent la persistance de l'emploi impropre du terme 'consommation' et pointe la mise en exergue d'hectares artificialisés dont le nombre varie du simple au triple selon les sources statistiques (Corine Land Cover, ONCEA, DGFiP, Teruti-Lucas…)", fait par exemple valoir l'organisation dans un communiqué de presse du 5 juillet 2018. Et elle pointe par ailleurs de possibles contradictions entre les différentes politiques menées de front par le Gouvernement : "Peut-on densifier et construire moins cher, alors que toutes les études montrent le
contraire ? Peut-on tendre à l'objectif 'zéro artificialisation nette', tout en continuant à construire et à développer l'activité et l'emploi ?"

 

L'association France nature environnement (FNE), elle,affirme "rester sur sa faim". "Notre analyse montre qu'il contient un tiers de mesures intéressantes et concrètes, un tiers de dispositions recyclées ou déjà existantes, et un tiers de mesures peu impactantes ou imprécises dans leur mise en œuvre. FNE constate une volonté affichée de répondre aux enjeux présents et urgents en matière de biodiversité, mais une insuffisance d'ambition tant dans l'opérationnalité des mesures que du montant des moyens alloués aux actions prévues."

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