Avec son Manifeste pour un quinquennat constructif, qu'elle détaillera aux principaux candidats à la présidentielle, lors du Sommet qu'elle organise ce mercredi 7 mars, la Fédération française du bâtiment entend faire entendre sa voix notamment sur le principe de stabilité des réformes, sur l'importance de la question du foncier ou encore sur le régime de l'auto-entrepreneur. Entretien.

Batiactu : Dans le cadre du Sommet de la Construction que vous organisez ce mercredi, vous avez publié un Manifeste, recueil de six propositions principales à l'attention des candidats aux présidentielles. Faisons un point sur les thèmes majeurs.

 

Didier Ridoret : En effet, nous avons lancé notre Manifeste pour un quinquennat constructif, destiné aux représentants des grands partis politiques, dont certains seront présents mercredi 7 mars. Parmi les priorités, nous voulons « conserver ce qui marche ». Pour nous, c'est un principe fondamental : à partir du moment où un dispositif est mis en place, il faut en évaluer les bénéfices. S'ils sont positifs, on garde la mesure ; s'ils sont négatifs, on amende ou on supprime le cas échéant. A ce titre, nous donnons l'exemple de la TVA à taux réduit (5.5 ou 7%) : elle doit être conservée puisqu'elle fonctionne. De même que l'aide à l'investissement locatif privé dont nous demandons le maintien… Nous sommes dans une logique de stabilité. Bien sûr, nous menons des opérations de lobbying, qui sont là pour corriger les mauvaises idées que le Gouvernement voudrait appliquer… Mais le mot d'ordre reste la stabilité avant tout.

 

Batiactu : Justement, par rapport à la TVA réduite, êtes-vous certain de sa pérennité ?
D. R. :
Pour l'instant, il n'est pas question de remettre en cause l'impact de l'augmentation de la TVA générale sur celle à taux réduit… En effet, le gouvernement pourrait évoquer l'importance du différentiel et passer la TVA à 8.2%... Mais nous avons les armes pour monter au créneau s'il avait cette mauvaise idée. La supprimer ? Tout est possible, mais là encore, nous sommes en plein dans nos recommandations et priorités, à savoir que l'on refuse de toucher à ce qui fonctionne !

 

Batiactu : Un de vos chevaux de bataille, c'est aussi la défense du foncier…
D. R. :
Tout à fait, et c'est même un des points essentiels de nos propositions. Je pense que les pouvoirs publics sont réellement sincères quand ils disent vouloir construire plus. Mais en réalité, le principal obstacle est d'ordre administratif, avec notamment les fortes oppositions des communes qui s'érigent face à chaque projet de construction. Cette volonté pérenne des élus à voir la densification et la construction comme un obstacle à une certaine qualité de vie et de tranquillité, c'est insupportable ! D'autre part, le second problème porte sur la gestion des PLU : quand ce n'est pas l'intercommunalité qui prend les décisions, les oppositions sont permanentes.

 

Du foncier, la France en regorge, bien plus que dans d'autres pays d'Europe. Le problème, c'est la spéculation qui existe autour du foncier. L'idée est d'arriver à obtenir une certaine fluidité au niveau des terrains qui sont en centre ville ou bien placés. Notre proposition sur l'inversion de la fiscalité n'a malheureusement pas trouvé d'écho : à la place nous avons eu un système peu visible, incompréhensible et pénalisant. A la FFB, on dit : « Plus vous gardez un terrain, plus vous devez payer en termes de fiscalité ». Avec un prélèvement non pas basé sur la taxe foncière, mais sur la valeur vénale du terrain… cela changerait la donne. Il faut des dispositifs forts sinon la volonté de construire 500.000 logements restera un vœu pieu !

 

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