FOCUS. La France est le premier producteur européen de ciments Portland. Cet énorme marché de plus de 2 milliards d'euros annuels est concentré dans les mains de cinq entreprises. L'Insee dresse le bilan de cette industrie particulière dans l'Hexagone.

Les chiffres de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) datent de 2016. Mais ils donnent une idée de ce que représente exactement l'industrie cimentière en France : un chiffre d'affaires annuel de 2,08 Mrds € réalisé par seulement douze entreprises dont cinq détiennent, à elles seules, 95 % du marché et 35 sites de production sur 43. En tout, le secteur emploie moins de 3.600 salariés localisés principalement dans cinq régions : Auvergne-Rhône-Alpes (20 % des effectifs), Grand Est (14 %), Provence-Alpes Côte d'Azur (12 %), Nouvelle Aquitaine (11 %) et Occitanie (10 %). L'Insee en donne la raison : "La production est réalisée à proximité des carrières de calcaire, la matière première principale du ciment. Pour réduire les coûts de transport de ce produit pondéreux, les établissements doivent autant que possible être répartis sur l'ensemble du territoire". Conséquence, certaines régions dépourvues de sols calcaires, comme la Bretagne, ne disposent pas de cimenteries. En revanche, les département d'Outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion) disposent tous d'installations et cumulent 4 % de l'emploi salarié du secteur.

 

 

La France, patrie du Portland

 

Au niveau européen, la France devance l'Allemagne dans la production de ciments Portland, avec 16 % du total contre 12 % outre-Rhin, et l'Espagne (10 %). Ces formulations représentent en effet les trois-quarts de la production française. Mais l'Allemagne produit un volume quasi-équivalent de ciments hydrauliques spéciaux, blancs, alumineux ou prompts, ce qui la place donc devant la France en production globale. Ce pays représente près de la moitié des capacités européennes, devant l'Hexagone (20 %) et d'autres nations de moindre importance (Pologne ou Royaume-Uni, 4 % chacun). L'Insee souligne que la production de clinkers (ciments non pulvérisés) est intégrée au processus de fabrication des ciments et qu'elle ne génère que des ventes résiduelles, de l'ordre de 3 % des facturations de la branche en France.

 

 

Malgré cette forte production domestique, le marché français est encore (faiblement) déficitaire : -81 M€. Si le pays revend 11 % de ses ciments à ses partenaires économiques (Allemagne, Etats-Unis et Royaume-Uni qui totalisent plus de la moitié des 227 M€ d'exportations), il en importe encore plus de ses voisins européens. En tout, 308 M€ de marchandise en 2016, en provenance de Belgique, d'Espagne, du Luxembourg et d'Allemagne. A noter que la Colombie fournit d'importantes quantités de clinkers. Des chiffres qui restent "faibles au regard de la production française", conclut l'Insee.

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