EXPERIMENTATION. La ville de Cappelle-la-Grande, dans la communauté urbaine de Dunkerque (Nord), a inauguré ce 11 juin le premier démonstrateur Power-to-Gas en France. Le projet, baptisé GRHYD et coordonné par l'énergéticien Engie, a pour but de tester l'injection d'hydrogène dans le réseau de distribution de gaz naturel du territoire.

Ce 11 juin 2018 a donc été inauguré le premier démonstrateur Power-to-Gas de France : la commune de Cappelle-la-Grande, située dans la zone urbaine de Dunkerque, accueille le projet GRHYD (Gestion des réseaux par l'injection d'hydrogène pour décarboner les énergies) qui doit tester l'injection d'hydrogène dans le réseau de distribution de gaz naturel du territoire nordique. En fait, ce projet a été lancé en 2014 et ambitionne de répondre aux besoins des habitants en termes de chauffage, d'eau chaude et de cuisson. GRHYD est non seulement inscrit dans la stratégie de la "3ème Révolution industrielle" de la région Hauts-de-France (visant à développer les filières régionales de développement durable/transition énergétique), mais également dans l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20% que la France s'est fixée à l'horizon de 2020. De même, le projet revêt un caractère stratégique dans le Plan hydrogène lancé le 1er juin dernier par l'exécutif, puisqu'il devrait permettre de fournir des données techniques et économiques sur l'injection d'hydrogène. D'un budget de 15 millions d'euros, GRHYD a nécessité 6 années d'études et de demandes d'autorisations avant de pouvoir aboutir à cette démonstration.

 

 

Convertir l'électricité en hydrogène

 

Concrètement, le Power-to-Gas permet de convertir l'électricité non-consommée issue d'énergies renouvelables en gaz hydrogène, lequel peut ensuite être stocké et transporté dans les réseaux de gaz naturel. En l'occurrence, l'installation se compose de 3 containers intégrant des technologies de pointe : un pour l'électrolyse (conversion de l'énergie électrique en énergie chimique), un autre pour le stockage et un dernier pour l'injection dans le réseau. L'inauguration du démonstrateur marque l'introduction des premières molécules d'hydrogène dans le réseau local de distribution de gaz naturel. Dans un premier temps plafonnée à 6%, cette injection pourra par la suite grimper jusqu'à 20%. La production servira à alimenter la centaine de logements ainsi que la chaufferie du centre de soins du quartier "Le Petit Village" de Cappelle-la-Grande, qui compte environ 8.000 habitants. Au bout du compte, l'expérimentation durera 2 ans, avec pour objectif d'éprouver la pertinence technique et économique de la conversion d'électricité en un nouveau gaz.

 

 

De nombreux acteurs impliqués

 

Le projet GRHYD est coordonné par l'énergéticien Engie et représenté par son centre de recherches Engie Lab Crigen. Une dizaine de partenaires participent aussi à cette aventure : le CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives), le Cetiat (Centre technique des industries aérauliques et thermiques), Ineris (Institut national de l'environnement industriel et des risques), Areva H2Gen (fabricant d'électrolyseurs), McPhy (spécialiste des équipements utilisant l'hydrogène), Engie Inéo (filiale d'Engie spécialisée dans les solutions de connectivité), GNVert (filiale d'Engie commercialisant du gaz naturel véhicule), GRDF, la communauté urbaine de Dunkerque et la STDE (Société des transports de Dunkerque et extensions). Ce démonstrateur Power-to-Gas est par ailleurs soutenu par l'Etat dans le cadre du Programme d'investissements d'avenir opéré par l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), et a reçu le label du pôle de compétitivité Tenerrdis (spécialisé dans la transition énergétique). Et c'est peut-être le premier d'une longue liste : en effet, le potentiel d'hydrogène produit à partir d'électricité en ayant recours au Power-to-Gas est estimé par l'Ademe à 30 TWh par an, pour l'Hexagone et à l'horizon de 2035.

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