ÉQUIPEMENTS. La SNCF et la Mairie de Paris ont annoncé, le 23 novembre, un accord pour réduire le projet controversé de rénovation de la Gare du Nord, avec un nouveau bâtiment moins haut, comportant moins de commerces, mais qui ne sera achevé qu'après les jeux Olympiques de 2024.

C'est un tournant dans le projet de modernisation de la Gare du Nord, à Paris. La Ville de Paris, SNCF et la SA Gare du Nord 2024 (qui regroupe SNCF Gares & Connexions et Ceetrus, la foncière d'Auchan), ont annoncé, le 23 novembre, avoir conclu un protocole actant le soutien de la Ville au projet, après plusieurs "adaptations". Projet dont le permis de construire a déjà été accordé, le 6 juillet dernier, par le préfet, compétent pour les autorisations d'urbanisme de ce type d'équipement.

 

 


La Ville avait en effet retiré, quelques mois avant les élections municipales, son soutien au projet, présenté initialement en juillet 2018, et qui vise à augmenter la capacité voyageurs de l'une des gares les plus fréquentées d'Europe. Plusieurs personnalités, dont des architectes de renom, s'étaient alarmées d'un projet faisant la part belle aux galeries commerçantes, aux dépends des voyageurs et notamment des usagers du quotidien. Les élus du 10e arrondissement critiquaient de surcroît un projet trop dense, et à même de déstabiliser l'offre commerciale du quartier. En application du protocole d'accord signé ce jour, le projet de rénovation de la Gare du Nord est ainsi "adapté" sur cinq principaux points, indique la Ville de Paris dans un communiqué.

 

Livraison définitive après les Jeux olympiques

 

Le premier point concerne le phasage des travaux, et impacte le planning de livraison. "L'amélioration en priorité des conditions d'accueil des usagers, notamment ceux du quotidien, est désormais un impératif partagé", se félicite la mairie de Paris.
Pour tenir l'objectif de livraison des espaces voyageurs avant les JO, tout en limitant l'impact sur les circulations ferroviaires, le planning de travaux a été organisé autour de trois étapes.

 

Premièrement, d'ici à 2022, est prévue l'amélioration des circulations verticales entre la gare de surface et la gare souterraine pour les voyageurs du quotidien. Viendra ensuite la reconfiguration du terminal Transmanche (Eurostar) pour l'accueil de la coupe du monde de rugby en septembre 2023. Et, avant l'été 2024, seront livrés les nouveaux espaces du terminal des départs. Le reste de la gare serait donc livré ultérieurement.

 

Dé-densification du projet

 

Afin de faciliter l'intégration de la Gare du Nord rénovée dans son environnement urbain, l'accord prévoit de de réduire d'environ 7.500 m2 les surfaces de commerces et services du projet, soit -15%, et d'abaisser jusqu'à 12 mètres la façade du bâtiment côté rue du Faubourg Saint-Denis. La meilleure intégration de la gare sera renforcée, explique la mairie, grâce à une nouvelle façade, "plus légère et élégante", réalisé par un habillage en bois.

 

 


Parallèlement, SNCF Gares & Connexion a renoncé aux espaces de bureau prévus dans l'immeuble situé 112 rue de Maubeuge d'une surface 7.100 m2, pour y étudier l'installation de la police régionale des transports et/ou du centre de commande unifié des RER B et D.

 

Ouverture de la gare sur le quartier

 

Pour faire droit à une demande de riverains, relayée par les élus, SNCF Gares & Connexions s'engage également à examiner d'ici à juin 2021 la réalisation, en collaboration avec la Ville de Paris, d'une passerelle entre le boulevard de la Chapelle et le nouveau bâtiment attenant à la gare, permettant un ouverture de la gare vers le 18e arrondissement, au nord. SNCF Gares & Connexions mobilise 20 millions d'euros pour la réalisation de cet ouvrage.

 

Par ailleurs, le jardin prévu en toiture du nouveau bâtiment de 1,1 hectare, verra sa superficie accessible de plain-pied augmentée de 1.700 m² et des activités d'agriculture urbaine y verront le jour, annoncent les porteurs du projet.

 

Trains régionaux : circulation simplifiée des voyageurs

 

Les circulations et temps de parcours, en particulier des voyageurs du quotidien, étaient au cœur de la contestation du projet porté par la SA Gare du Nord 2024. SNCF Gares & Connexions a renoncé à la séparation des flux départs et arrivées, prévue dans l'ancienne mouture du projet, et qui est conservée pour les voyageurs grandes lignes. Les nouvelles circulations verticales qui seront créées devront "faciliter les flux, en particulier pour les voyageurs quotidiens, de la mezzanine banlieue vers le plateau des voies Transilien".

 

La philosophie générale du projet reste, cependant, inchangée : un terminal consacré aux départs des grandes lignes doit être installé dans la nouvelle aile, tandis que le bâtiment historique sera réservé aux arrivées. Mais, dans cette nouvelle mouture, "aucun voyageur du quotidien ne verra son temps de parcours augmenter" grâce à des liaisons directes, a précisé à l'AFP la directrice générale de SNCF Gares & Connexion, Marlène Dolveck.

 

Parvis pacifié et dédié aux mobilités douces

 

Par ailleurs, "afin de répondre aux attentes en matière de mobilités de la Ville", les porteurs du projet réaliseront 3.000 places de parkings vélos sécurisés. La Ville de Paris réalisera un nombre équivalent de places de stationnement pour vélos. Simultanément, SNCF Gares & Connexions réaménagera le parking souterrain, actuellement concédé, pour créer des espaces de reprises taxis et VTC ainsi que 200 places pour les deux-roues motorisés, "ce qui permettra de pacifier le parvis de la gare" qui sera dédié aux mobilités douces.

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