TECHNOLOGIE. L'Ademe et GRDF vont déployer une cinquantaine de piles à combustible au gaz naturel dans le cadre d'un programme expérimental qui se poursuivra entre 2018 et 2020. Cette solution technique, qui fournit électricité et chaleur, est déjà courante au Japon et se développe en Allemagne d'où viendront les machines.

Le gouvernement vient juste d'annoncer un plan Hydrogène, qui vise à faire de la France un leader mondial dans les technologies de mobilité et de stockage d'énergie intermittente. Or, dans le domaine des piles à combustible, qui utilisent justement de l'hydrogène pour générer électricité et chaleur, le pays est en retard, notamment par rapport au Japon, le véritable leader en la matière. Ou même par rapport à l'Allemagne, qui développe plus rapidement l'utilisation de solutions domestiques. Pour combler cet écart, l'Ademe et GRDF s'associent donc pour lancer un programme de démonstration de 50 piles à combustible utilisant du gaz naturel, qui seront installées dans des chaufferies d'immeubles collectifs, des maisons individuelles ou des petites entreprises.

 

Une solution mature technologiquement…

 

La solution, désormais mature, "répond parfaitement aux enjeux de la transition énergétique", annoncent les deux partenaires, grâce à sa fiabilité et à sa très haute efficacité énergétique et son très bon rendement électrique. Nicolas Doré, du service Bâtiment de l'Ademe, ajoute : "Le rendement énergétique atteint 140 à 150 %, contre 100 à 105 % pour une chaudière à condensation classique". Le but de l'expérimentation annoncée ce 26 juin 2018 sera d'obtenir des retours d'expérience de la part des installateurs et des utilisateurs, sur l'ensemble du territoire. Le programme est prévu pour s'étaler sur trois ans, jusqu'en 2020 donc. Outre la confirmation des performances environnementales des systèmes, il servira également de support de communication auprès du grand public et des professionnels. Les sites susceptibles de rejoindre cette opération seront sélectionnés d'ici la fin de l'année. Mais il est d'ores et déjà prévu que les machines soient fournies par l'allemand Viessmann, qui participe déjà à des tests au niveau européen. Le programme PACE notamment, lancé en 2016, prévoit que 2.650 microgénérateurs soient installés dans les pays de l'Union et que quatre industriels atteignent une capacité de production d'au moins 1.000 machines/an cette année.

 

 

… mais inabordable sans aide financière

 

Pour l'heure, le principal écueil des piles à combustible reste leur prix : entre l'achat et la maintenance sur trois années, ce sont 25.000 € par installation qu'il faut débourser. D'où le gros coup de pouce de l'Ademe et de GRDF qui verseront une aide de 20.000 €. Alain Mille, le directeur du Développement du distributeur de gaz conclut : "Dans le contexte actuel du développement des gaz verts, la pile à combustible apparaît comme une technologie prometteuse face au défi de la transition énergétique. En raison de sa grande efficacité et de sa capacité à produire localement de l'électricité au plus proche des besoins du consommateur, cette solution tirera parti de l'arrivée du biométhane dans le paysage énergétique pour devenir la première source de production locale d'électricité verte". Une annonce qui semble un peu prématurée compte tenu du très faible taux d'incorporation de biogaz dans le gaz naturel du réseau. La loi de Transition énergétique pour la croissance verte ne prévoit qu'un objectif de 10 % à l'horizon de 2030. D'autant que, dans le même temps, l'électricité photovoltaïque aura continué à baisser ses coûts de production, la rendant toujours plus compétitive face à une pile à combustible dont la durée de vie du cœur n'est encore que d'une dizaine d'années.

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