CHANTIER. Trois bâtiments, 231 logements. Quand le bailleur a décidé de diviser par trois la consommation énergétique de cette résidence d'habitat social datant des années soixante, Bouygues Bâtiment Ile-de-France a remporté l'appel d'offre en proposant le réemploi, la réutilisation ou le recyclage de 80% des matériaux déposés.

Bouygues Construction Ile-de-France a livré, en 2018, une rénovation énergétique "classique", expliquait, au EnerJ-Meeting, le 6 février, Guillaume Carlier, directeur RSE de Bouygues Bâtiment. "Sauf en matière de gestion des déchets", s'empressait-il d'ajouter. Les 231 logements de la résidence Les fushias, propriétés du bailleur social parisien Elogie Siemp, datant des années soixante, avaient été rénovées en 1995. Mais le bardage installé à cette époque "était devenu dangereux", et le bailleur a décidé de profiter des travaux pour diviser par trois la consommation énergétique de sa résidence, en la faisant passer de 230kwh/m²/an à 80kwh/m²/an. Pour éviter que les matériaux datant de la rénovation récente, en bon état, ne soient mis en décharge, le maître d'ouvrage a décidé de rédiger l'appel d'offre de manière à ce que la note technique compte pour 60% de la note globale. Le constructeur a "pris le parti de s'engouffrer dans cette brèche en misant sur le volet économie circulaire". Une offre qui n'était "pas la moins-disante mais qui était la meilleur offre technique".

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Réemployer, réutiliser, recycler

Residence les fushias paris
Résidence Les fushias, rue des Panoyaux à Paris.
Bouygues Bâtiment Ile-de-France s'est donc engagé à réemployer, réutiliser ou recycler, 80% des matériaux déposés dans l'opération de rénovation. En bref : "les transformer en ressources locales", explique Guillaume Carlier. A commencer par le bardage, "en quantité importante". "Nous nous sommes donc posé la question : quelle utilisation peut-on lui trouver ? Le transformer en revêtement de sol ? Impossible, a répondu le bureau d'études techniques. Le recycler était également très difficile en raison des colles utilisées. Nous nous sommes donc tournés vers l'économie sociale et solidaire".

De bardage à meubles haut de gamme

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Résidence Les fushias, rue des Panoyaux à Paris. Le bardage était devenu "dangereux". © Cyril Bruneau
Le constructeur a trouvé deux débouchés principaux pour le bardage de la résidence Les fushias : d'une part, une entreprise de l'économie sociale et solidaire employant 17 personnes en insertion, et qui fabrique des meubles haut de gamme. D'autre part, Bouygues a fait appel aux architectes urbanistes du collectif YA+K, "qui avaient un projet d'épicerie solidaire en banlieue", explique le directeur RSE du groupe.

Réutilisation de la laine de verre

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Résidence Les fushias, rue des Panoyaux à Paris. © Cyril Bruneau
Les 7.000m² de laine de verre ont également trouvé deux débouchés. Une partie a été réutilisée par Emmaüs pour l'isolation d'un centre d'hébergement. "Pour l'autre partie, Saint-Gobain Isover voulait tester le renvoi de ses matériaux en usine pour traitement", raconte-t-il.

Un temps de préparation multiplié par deux

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Résidence Les fushias, rue des Panoyaux à Paris. © Cyril Bruneau
"Est-ce que cela a été facile ? Non", explique Guillaume Carlier. "Il faut prendre son temps. En l'occurrence, deux fois plus de temps que pour un chantier habituel". Quatre mois de discussions avec le propriétaire, et de recherche de partenaires, et de développement de techniques de dépose ont été nécessaires. "Mais nous avons tenu les délais de 18 mois de chantier".
80% des matériaux non mis en décharge, c'est, sur ce chantier, "80 tonnes de CO2 non produites".