PROSPECTIVE. L'association négaWatt, qui a déjà imaginé un scénario énergétique totalement renouvelable pour le pays en 2050, pousse la réflexion plus loin. Elle envisage que la France puisse parvenir à des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles à la même période. Découvrez comment…

La France a 33 ans pour réussir sa transition écologique. Selon négaWatt, d'ici à 2050, le pays pourrait s'approvisionner à 100 % en électricité renouvelable et à presque 100 % en énergies renouvelables, même en abandonnant totalement le nucléaire, dès 2035. Seule condition : réduire drastiquement les consommations d'énergie finale en maîtrisant le nombre et l'usage des appareils et équipements, limiter les transports individuels en voiture, et rénover massivement le parc des bâtiments existants.

 

Dans une nouvelle mouture de son scénario prospectif, imaginé en 2011, l'association s'appuie sur les dernières tendances liées à l'adoption de la loi de Transition énergétique pour la croissance verte, votée en 2015 et de la signature de l'Accord de Paris sur le climat, entériné en 2016. Il confirme tout d'abord qu'un mix 100 % renouvelable est envisageable pour 2050 : "Il est possible de couvrir la totalité des besoins énergétique de la France par des sources renouvelables à l'horizon 2050. La biomasse solide reste la première source de production d'énergie renouvelable, suivie de très près par l'éolien puis le photovoltaïque, lui-même suivi de très près par le biogaz". Dans le détail, le scénario table sur la fin programmée des énergies fossiles et sur la sortie du nucléaire. L'association recommande de ne pas prolonger la durée de vie des réacteurs au-delà de leur quatrième visite décennale et que la fermeture des 58 unités soit lissée sur les 20 prochaines années. Concernant l'EPR de Flamanville, prévu pour entrer en service à la fin de 2018, négaWatt précise : "Affecté par de graves problèmes de qualité et conçu pour fonctionner jusqu'en 2080, [il] n'est pas pris en compte dans le scénario".

 

Décarbonation des énergies

 

 

L'association estime que ce n'est pas au niveau des ressources primaires que se jouera la réussite de la transition, mais niveau des vecteurs énergétiques. Elle préconise de remplacer la quasi-totalité des carburants et combustibles liquides par du gaz et de l'électricité, tout en annonçant "envisager un développement raisonné du véhicule électrique, loin d'en faire une solution unique et universelle" et souhaitant le réserver "principalement aux trajets urbains et péri-urbains".

 

Les prospectivistes prévoient que le gaz alimentera la totalité du trafic routier de marchandise et la majorité des trajets les plus longs. Afin de parvenir à décarboner l'énergie, ils prévoient que le charbon soit évidemment abandonné et que le gaz "fossile", nécessaire en période de transition, "s'efface ensuite régulièrement grâce à la mobilisation du gaz d'origine renouvelable". Le scénario envisage le développement du "power-to-gas" combinant production d'hydrogène par électrolyse de l'eau, et de la "méthanation" permettant d'absorber du CO2 pour produire du méthane, deux solutions présentant l'avantage d'un stockage facilité d'énergie dans des infrastructures existantes.


Découvrez la suite du scénario en page 2.

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