CONJONCTURE. Le groupement du Mur manteau a publié les statistiques conjoncturelles du marché de l'ITE sous enduit pour 2018. Si le secteur de la rénovation se porte bien, les inquiétudes pointent sur le neuf et la future réglementation environnementale 2020. Explications avec Philippe Boussemart, président de l'organisation.

"Le marché de l'enduit sur isolant a crû en 2018, jusqu'à représenter 11,4 millions de m²", explique à Batiactu Philippe Boussemart, président du Mur manteau. Ce qui représente une hausse de 5%. Les industriels du secteur se félicitent notamment d'une forte croissance au second semestre, de +9,5%. "Et cette tendance se confirme sur les premiers mois de l'année", ajoute leur porte-parole.

 

Quelles sont les raisons de ce climat favorable ? "Les clients ont intégré davantage des travaux d'isolation embarqués dans des projets de ravalement, notamment en copropriétés. Cela semble indiquer que le décret sur l'embarquement de la performance énergétique en rénovation, du 1er janvier 2017, commence à porter ses fruits", détaille Philippe Boussemart. "C'est bien sûr un peu plus cher mais le surcoût n'est pas insurmontable. Un autre élément a pu jouer : une forme de sentiment citoyen qui incite de plus en plus de personnes à passer à l'acte."

 

Va-et-vient sur les aides

 

Du côté des bailleurs sociaux, après les situations conflictuelles avec les pouvoirs publics du fait de la réforme du mouvement HLM, des projets ont été tout bonnement annulés début 2018 - parfois alors même que les appels d'offres avaient été lancés. "Les bailleurs ont tout arrêté, nous étions dans une période d'attentisme", se souvient Philippe Boussemart. Le marché a finalement regagné en dynamisme. L'attentisme a également joué en maison individuelle, notamment du fait de va-et-vient sur les aides comme le crédit d'impôt transition énergétique (CITE).

 

 

En matière de solutions techniques, la Mur manteau constate un dynamisme au sein des enduits de façades. "Dans les couches de base, qui recouvrent l'isolant, les produits hydrauliques se développent de manière très importante", note l'organisation. "Enfin, la progression des isolants laines minérales est plus marquée que celle des solutions polystyrène. Nous notons également une hausse de l'emploi d'isolants biosourcés et à haute performance, plutôt présents en zones rurales."

 

La RT2012, "insuffisamment exigeante"

 

L'inquiétude des professionnels de l'ITE se porte toutefois sur le neuf, et la future réglementation environnementale 2020. Le Mur manteau souhaite éviter de répéter ce qu'il considère comme un échec de la RT2012. Cette réglementation "insuffisamment exigeante vient freiner le développement du marché et cause la construction de bâtiments plus énergivores et moins confortables que prévu en phase d'étude". Le groupement cite un rapport administratif de février 2019 qui affirmerait que "la RT 2012 est un retour en arrière par rapport à la RT 2005" (lire notre article ici).

 

"Les professionnels du secteur craignent cependant la volonté de l'État de construire plus vite et moins cher, au détriment de la qualité thermique et environnementale des bâtiments et de la stratégie Nationale Bas Carbone 2050", indique le Mur manteau. "Une inflexion forte doit être donnée par le Gouvernement afin que nous ne nous retrouvions pas face à l'absurdité de construire aujourd'hui des bâtiments qu'il faudra rénover dans 15 ans pour être compatibles avec ces objectifs."

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