INSOLITE. Le réemploi est tendance : plutôt que de démolir de vieux voiliers, un chantier naval nantais propose de les transformer en habitations terrestres, surprenantes et confortables. Une idée originale qui s'adresse autant aux particuliers qu'aux professionnels du tourisme.

Des dizaines de milliers de bateaux de plaisance, construits en polyester depuis les années 1960, se trouvent aujourd'hui en fin de vie : un tiers dans les ports français, un tiers dans des chantiers navals et… un tiers dans les jardins de particuliers. Mais que faire de ces (petits) navires, sachant que le polyester ne se recycle pas, à l'aube de l'entrée en vigueur d'un éco-organisme Déchet de bateaux de plaisance et de sport, le 1er janvier 2019 ? Le chantier naval solidaire Bathô, situé à Rezé (Loire-Atlantique), propose tout simplement de les réutiliser, sans les détruire : "D'un habitat sur l'eau, les bateaux deviennent un habitat sur terre ferme". Une invitation au voyage, le mal de mer en moins.

 

Car ces esquifs restent, plus de 50 ans après leur construction, "des abris sûrs, solides et autonomes". Selon Bathô, leur intérêt serait également patrimonial pour l'architecture navale, au niveau des solutions et des formes adoptées à l'époque. D'où l'idée de conservation et de transformation plutôt que de simple démolition. L'initiative vise à prolonger, de 7 à 10 ans, la durée de vie des embarcations pour réduire la consommation de ressources naturelles tout en favorisant la réinsertion professionnelle de personnes éloignées de l'emploi, par des travaux de menuiserie, composites, peinture…

 

Allez les bers !

 

Les coques, de 7 à 14 mètres de long, issues des chantiers Jeanneau, Bénéteau, Jouet ou Edel, sont assez spacieuses pour accueillir entre deux et quatre personnes. Tous les équipements rendus superflus par la vie à terre (tête de mât, moteur, accessoires de navigation) sont démontés pour être recyclés, tandis que les cabines sont conservées. Les aménagements intérieurs sont ensuite améliorés (connexion eau, électricité, VMC) afin de créer un hébergement convivial comprenant un "carré-salon", une cuisine, des sanitaires, des couchages et un pont extérieur. Avantage : l'installation d'un bateau ne nécessite aucun travaux de terrassement ni de scellement au sol. "Nos Bathô sont posés sur la terre ferme sur des bers (charpente en bois destinée à soutenir la coque, NdlR)", explique le chantier naval. Une plateforme permet de monter facilement à bord et de disposer d'une terrasse de 12 m² couverte par une toile tendue.

 

Chantier naval
Chantier naval © Compte Facebook de Bathô

 

 

L'idée pourrait séduire à la fois des particuliers, propriétaires de bateaux délaissés qui pourraient en faire un bureau, une chambre d'appoint voire un studio indépendant dans leur jardin, mais également des professionnels du tourisme durable. Ces derniers pourraient ainsi imaginer des hébergements saisonniers insolites, à faible empreinte écologique et au charme marin indéniable. "Reliés entre eux par des jeux de ponton et de terrasse, plusieurs bateaux peuvent être assemblés comme un véritable port-camping", ajoutent les concepteurs. Ils proposent même de transformer des dériveurs, ces tout petits voiliers d'écolage, en bacs à sable. Voilà en tout cas une initiative qui ne pourra pas échouer.

 

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