ENVIRONNEMENT. Ce lundi 29 juillet 2019 marque le "jour du dépassement" : selon l'ONG Global Footprint Network, l'Humanité a consommé l'intégralité des ressources naturelles que la Terre peut régénérer en un an. Dès aujourd'hui, nous vivons donc à crédit de la capacité biologique de la planète. Une date fatidique qui intervient de plus en plus tôt chaque année.

C'est une date à noter sur le calendrier, mais pas pour de bonnes raisons. Ce lundi 29 juillet 2019, l'Humanité a consommé l'intégralité des ressources naturelles que la Terre peut régénérer en un an, d'après une étude de l'organisation non-gouvernementale Global Footprint Network, en partenariat avec le WWF. Ce fameux "jour du dépassement" correspond donc au jour de l'année où la population mondiale a épuisé toutes les capacités biologiques de la planète. Calculée tous les ans sur la base de 3 millions de données statistiques provenant de 200 pays, cette date symbolique intervient de plus en plus tôt : alors qu'elle se situait aux alentours du 1er décembre en 1975, elle s'est ensuite décalée au 1er octobre en 1999, avant d'atteindre le 1er septembre en 2004. L'année 2019 marque ainsi un nouveau record : ce 29 juillet, l'empreinte écologique de l'Humanité, qui correspond à "la surface de la Terre utilisée par l'Homme pour pêcher, élever, cultiver, déboiser, construire et brûler des énergies fossiles", dépasse donc la biocapacité de la planète, qui "représente la surface nécessaire pour faire face à ces pressions", selon les deux associations environnementales. Une dégradation progressive qui s'accompagne de surcroît d'un triste constat : au-delà de l'épuisement des ressources naturelles, une nouvelle augmentation des émissions de CO2 a été enregistrée sur Terre.

 

Si tous les habitants de la Terre vivaient comme nos compatriotes, il nous faudrait 2,7 Terres pour répondre à la pression environnementale de notre mode de vie

 

Les calculs de Global Footprint Network montrent qu'il faudrait en réalité 1,75 Terre pour que l'Humanité puisse subvenir pleinement à ses besoins. Mais si l'on prend en compte le mode de vie de tel ou tel pays, les résultats sont encore différents : par exemple, il faudrait seulement 0,7 Terre si la population mondiale vivait comme les habitants de l'Inde ; un chiffre qui grimperait à 2,2 Terres pour les Chinois et 2,5 Terres pour les Espagnols. Dans ce tableau peu reluisant, la France est loin de faire figure de bonne élève : si toute l'Humanité vivait comme nos compatriotes, il nous faudrait 2,7 Terres pour répondre à la pression environnementale de notre mode de vie, ex-aequo avec l'Italie et le Royaume-Uni. Les besoins de nos voisins allemands nécessiteraient pour leur part 3 Terres, ceux des Russes 3,2 planètes, et ceux des Australiens 4,1 Terres. Mais le sommet du podium est occupé par la première économie mondiale : si toute l'Humanité vivait comme les habitants des Etats-Unis, nous aurions besoin de 5 planètes pour subvenir à nos besoins.

 

Dans un tweet, le responsable du WWF France Arnaud Gauffier a d'ailleurs jeté une passerelle entre la surexploitation des ressources naturelles, la hausse des émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement du climat et l'amenuisement des nappes phréatiques.

 

 

Interrogé sur France Info, le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, David Cormand, s'est inquiété quant à lui que cette date fatidique intervienne si tôt dans l'année : "En 1979, ce jour du dépassement, c'était fin novembre ; quarante ans après, ce jour du dépassement, il est de plus en plus tôt dans l'année, et ça va continuer à empirer en réalité. On parle souvent du fait qu'on vit à crédit au niveau financier ; en réalité, le plus grand problème pour l'Humanité, ce n'est pas la dette financière, c'est la dette écologique parce que l'argent, c'est une construction sociale, mais les limites de la nature, c'est extrêmement concret." Affirmant que "tous les voyants sont au rouge", le responsable politique a prévenu que les discours "apocalyptiques" sur l'effondrement de la civilisation humaine "ont raison", mais "si on ne fait dire que cela", il craint "une forme de découragement" alors que "politiquement il y a des choses à faire".

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