INNOVATION - Une petite éolienne à axe vertical, fichée dans le sol, permet de condenser l'humidité atmosphérique pour recueillir une eau pure. Une solution qui pourrait rendre de grands services en Afrique où l'accès à l'eau potable est aussi problématique que l'accès à l'électricité. Découverte.

Si les panneaux solaires semblent pouvoir apporter une réponse à l'électrification des zones reculées et de toutes les populations, l'accès à une eau pure demeure plus problématique. Or, il s'agit d'une question cruciale pour la santé de ces communautés : plus de 11.000 personnes meurent, chaque jour, par manque d'eau potable, à cause de la déshydratation ou de maladies présentes dans des eaux croupies. Une équipe d'ingénieurs américains de la société VICI-Labs a donc imaginé un procédé, techniquement simple et peu onéreux, pour obtenir de l'eau propre, jour et nuit, en faisant condenser l'humidité de l'atmosphère.

 

37 litres d'eau pure par jour

 

WaterSeer
WaterSeer © Vici-Labs
Des techniques existent déjà mais elles requièrent soit une grande quantité d'électricité pour actionner des compresseurs et évaporateurs, soit un apport de produits chimiques néfastes pour l'environnement. Des solutions lourdes et coûteuses, qui nécessitent des connaissances techniques pour les faire fonctionner. Les concepteurs ont donc imaginé "WaterSeer", une mini-éolienne qui travaille seule. Plantée dans plus de 1,80 mètre de terre, dans un sol bien compacté autour de son bulbe basal, la machine dispose de parois métalliques qui transmettent la fraîcheur du terrain. En surface, le vent entraîne la turbine hélicoïdale qui fait tourner un rotor interne. Ce dernier achemine l'air vers la chambre de condensation située dans le pied. L'air ambiant s'y rafraîchit et la vapeur d'eau se condense sur les bords avant de couler dans le fond du réservoir. Elle sera extraite par une simple pompe à main. Les créateurs de WaterSeer expliquent : "La machine collecte jour et nuit, car la chambre est toujours plus fraîche que l'atmosphère ambiante. En conditions optimales, une seule machine collecte 37 litres d'eau par jour, sans efforts, sans électricité et sans impact sur l'environnement". D'autant que l'eau recueillie est totalement pure, puisqu'elle ne touche pas le sol. Un filtre mécanique prévient l'entrée d'insectes ou de particules indésirables dans le réservoir.

 

Une démarche humaniste

 

Un prototype a été testé à Berkeley (Californie), au mois d'avril 2016. Ce premier modèle avait réussi à condenser plus de 41 litres d'eau grâce à une surface de collecte de moins d'un mètre carré, et ce dans une zone semi-aride de la baie de San-Francisco. Grâce à un travail d'optimisation, le design définitif a été figé au mois d'août suivant. Afin de produire la machine en série, une campagne de financement participatif a été lancée sur Indiegogo, qui a déjà récolté plus de 145.000 €, soit plus de deux fois l'objectif initial. Il est prévu que les premières machines de série sortent dans les six mois qui suivront la levée de fonds et que les livraisons débutent en 2017. Le prix unitaire restera volontairement bas, aux alentours de 120 € par WaterSeer. Les concepteurs déclarent ne pas vouloir faire de bénéfices mais seulement couvrir les frais de production et d'expédition. Ils envisagent leur machine comme une aide aux femmes, notamment en Afrique, où elles couvrent quotidiennement de longues distances pour collecter l'eau d'un puits, parfois souillé. L'engin, implanté au plus près des habitations, évitera ces opérations fastidieuses et améliorera la qualité sanitaire de l'eau consommée.

 

 

 

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