INAUGURATION Le musée de la Romanité à Nîmes, imaginé par l'agence Elizabeth de Portzamparc, est désormais ouvert au public. Retour sur la construction de cet établissement situé non loin des célèbres Arènes.

« Ce musée est juste un contenant pour un contenu exceptionnel », avait résumé Elizabeth de Portamparc, lauréate du projet du Musée de la Romanité qui a ouvert ses portes début juin 2018 à Nîmes. A l'issue d'un concours international d'architecture, son projet avait fait, en finale, l'unanimité devant ceux de Rudy Ricciotti et de Richard Meier. Outre un projet audacieux, symbolique pour la ville et répondant à tous les critères du programme, les exigences de la Ville ne s'arrêtaient pas là. Il s'agissait d'être tout aussi convaincant dans la scénographie muséale, afin de captiver tous les publics avec une présentation innovante et spectaculaire, utilisant des ambiances, des reconstitutions, des approches interactives et ludiques.

 

Pari réussi pour l'agence d'Elizabeth de Portzamparc qui tente d'apporter par son projet une "réponse contemporaine" aux Arènes romaines situées juste à côté. Car la gageure était là : lier le nouveau Musée et son architecture avec les monuments romains chargés d'histoire qui animent la ville du Gard. Cette dernière a donc opté pour ce dossier qui valorisait un atout touristique majeur pour la population et la créativité de l'architecte qui a apporté une note légère et originale caractérisée par une toge plissée en façade.

 

Un bâtiment conçu comme un ensemble d'oppositions
Pour parfaire le dialogue entre passé et présent des lieux, « nous avons conçu un volume diaphane en lévitation sur le site, percé par une large rue intérieure », souligne l'architecte. Qui a surtout joué un dialogue fait d'oppositions et de complémentarités, puisqu'elle a sans cesse opposé les formes géométriques en choisissant pour un Musée aux formes carrées, en contradiction avec la rondeur des Arènes ; elle a également opposé les matières, en optant pour des carreaux de verre en façade face aux pierres du monument romain. Enfin, elle a confronté des Arènes fortes d'un ancrage au sol très marqué à un bâtiment conçu en lévitation obtenu par l'articulation savante de l'enveloppe et de ses « porteurs en retrait ». C'est-à-dire que la grande boîte en verre translucide blanc et argent se pose en porte-à-faux sur les grands espaces vides et transparents du rez-de-chaussée. L'ombre portée de la façade dissimule les fins piliers de 60 cm disposés sur une trame régulière de 12 m intégrée avec les volumes intérieurs. « J'aurais rêvé d'un sublime porte-à-faux, mais nous étions soumis aux contraintes d'une zone sismique », reconnaît Elizabeth de Portzamparc.

 

L'autre point fort de ce projet, c'est la percée qui offre un accès depuis la rue à des jardins archéologiques au sein de l'enceinte du Musée. Cette rue privée de 15 mètres de large sur 7 mètres de haut offre un passage public scénographié, notamment grâce à la reconstitution du fronton du sanctuaire de la Source, le sanctuaire antique de la fontaine de Propylée. Ainsi, le public, même hors du Musée, peut se réapproprier la Ville et son histoire. Là encore, sont opposés le tumulte de la ville et le calme de ces jardins archéologiques, conçus tel un havre de paix.

 

Un nouvel écrin pour les trésors de Nîmes
« Les collections nîmoises n'avaient pas l'écrin qu'elles méritaient », a souligné le maire de la Ville, Jean-Paul Fournier, à l'occasion de la présentation de ce projet. Car ce nouveau bâtiment accueillera les 25.000 pièces des collections sises jusqu'à présent dans l'actuel musée archéologique de Nîmes, qui n'a cependant ni les moyens ni les capacités pour répondre aux attentes des visiteurs. La Ville a donc choisi un emplacement de premier ordre, au cœur de la cité et surtout face aux Arènes pour recevoir son nouveau Musée de la Romanité.

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Fiche technique
Mandataire - Architecte : Agences Elizabeth et Christian de Portzamparc
Architectes associés : A + Architecture
Architecte associé / ACMH : Agence Alain-Charles Perrot
Paysagiste : SARL Méristème
Muséographie : Agences Elizabeth et Christian de Portzamparc
Multimédia : Studio K
Graphisme : Locomotion Sarl
Qualité environnementale : Celsius Environnement
Acoustique : Ganba Acoustique Architecturale et Urbaine
BET Economie de la construction : L'Echo
BET Structure : Sarl André Verdier
BET Fluides : Choulet Louis
OPC : Arteba

 

Surface utile : 7.500 m2
Surface SHON : 10.000 m2
Coût de l'opération : 59.5 M€ TDC, dont 38 M€ HT de construction

 

1er trimestre 2013 : Dépôt du permis de construire
Automne 2013 : Préparation des travaux/démolitions
1er trimestre 2014 : Démarrage de la construction
4ème trimestre 2016 : Livraison du bâtiment - Installation des collections
1er semestre 2017 : Ouverture au public

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A proximité des Arènes

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc
Situation idéale pour le futur Musée de la Romanité dessiné par Elizabeth de Portzamparc : en plein coeur de la ville de Nîmes et à proximité immédiate des fameuses Arènes romaines.

Vue générale du Musée de la Romanité

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc
Ce musée s'inscrit dans une ville contemporaine en pleine mutation et dans le prolongement de projets structurant et dynamisant le territoire nîmois. L'objectif est de renforcer les liens entre une population du XXIe siècle et son riche passé romain.

Côté Rue de la République

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc
Le Musée de la Romanité doit devenir une référence internationale et relever le défi d'établir un dialogue parfait avec les Arènes et la ville. "Pour cela nous avons conçu un volume diaphane en lévitation sur le site, percé par une large rue intérieure", explique l'agence d'architecture.

Carreaux de verre

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc
"Le voile de verre translucide et ondulant de la façade conjugue la transparence moderne et la tradition d'un savoir-faire ancestral du travail verrier ancré dans la région, enrichissant d'une autre histoire l'identité du musée. Il se détache dans la ville, il attire, il couvre le corps du musée comme s'il se souvenait de la réponse textile que furent les toges romaines aux parois de pierres taillées des Arènes".

Vue de nuit

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc
Le drapé de la façade, rappelant les toges romaines, est encore plus mis en valeur le soir.

Passage

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc
"Voulant mettre en évidence le rôle de 'matrice urbaine' jouée par l'ancienne muraille romaine, nous avons mis en exergue ses vestiges dans un jardin archéologique. Par ailleurs, cette enceinte traverse le bâtiment. Celui-ci est percé par une rue intérieure qui suit son parcours et met en valeur la superposition de cultures de la ville et restitue un accès public au fronton du sanctuaire de la Source (le sanctuaire antique de la fontaine). Celle-ci permet d'attirer les flux de passants du parvis des Arènes."

 

Enfin, elle constitue un nouvel axe de perspective privilégié entre les Arènes et le jardin archéologique."

Les jardins

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc
La mise en valeur des vestiges dans le jardin archéologique est l'un des centres névralgiques du projet. Ainsi, tout le traitement paysager de ce nouveau forum communautaire met en scène les vestiges de l'enceinte romaine, une muraille ponctuée de ses tours. Les parties minérales du sol privilégieront les tons verts, froids, pour faire ressortir davantage la pierre de la muraille.

Escaliers monumentaux

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc
Cet escalier monumental est le point de départ d'un parcours ascensionnel que propose la muséographie du lieu. La montée se fait en douceur pour atteindre les différentes salles du musée. "Il s'agit d'un ensemble de cercles qui se lient et se délient", souligne Elizabeth de Portzamparc.

Vue sur extérieur

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc
A chaque étage, et depuis les salles du musée, on peut admirer un point de vue différent. Ici,les Arènes.

Salle d'exposition

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc
Là, ce sont les jardins archéologiques que l'on voit depuis la salle d'exposition.

Mezzanines

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc
Pour casser le rythme des plateaux de salle classiques, l'architecte a imaginé des mezzanines qui abritent les collections et qui créent des volumes intéressants.

Salle des Mosaïques

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc

Restaurant

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc

Vue sur les Arènes

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc
Vue imprenable sur les Arènes depuis la terrasse du Musée.

Toit terrasse

Musée de la Romanité
Musée de la Romanité © Agence Elizabeth de Portzamparc
Le toit végétalisé, aménagé comme une cinquième façade, offre au visiteur une vue panoramique exceptionnelle sur les Arènes et la ville. La table d'orientation permet de comprendre l'urbanisation à 360° de la ville avec un point de vue spectaculaire sur les monuments romains.