Une autre question a été posée : où trouver les gisements nécessaires ? La DRIEE Ile-de-France, qui a été chargée par le préfet de réaliser le diagnostic -grâce à l'appui de nombreux organismes*- envisage plusieurs pistes. La première est "d'assurer la meilleure mobilisation possible des gisements locaux". Pour cela, "face à l'élaboration de documents d'urbanisme défensifs vis-à-vis des carrières, il serait souhaitable que les futurs schémas de carrière bénéficient d'un statut d'opposabilité plus fort, par exemple en devant être pris en compte par les SCoT et les PLU", estime la DRIEE. Dans cette attente, elle envisage même la possibilité pour le préfet d'instaurer des périmètres de projets d'intérêt général forçant à la prise en compte de "l'intérêt stratégique d'un gisement".

 

L'heure est donc plutôt à l'ouverture de nouvelles carrières en Ile-de-France, même si la DRIEE entend également confirmer l'importance de la déconstruction et du recyclage. Les évolutions normatives devraient permettre l'incorporation de granulats recyclés à hauteur de 10% dans les bétons hydrauliques destinés aux bâtiments. "Il reste à mettre en pratique cette possibilité", a souligné de son côté Xavier Lascaux, président d'Unicem Ile-de-France. Une autre piste est celle de la "solidarité interrégionale". En d'autres termes, l'importation de granulats en provenance d'autres régions, même si la DRIEE précise vouloir contenir le taux de dépendance actuel.

 

Prochain séminaire dédié aux friches et sols pollués
De plus, les besoins considérables en matériaux nouveaux comme la production, au cœur des territoires de projet, de déblais et de déchets de chantiers liés à la déconstruction généreront des besoins nouveaux de logistique sous forme de plates-formes multimodales permettant l'arrivée massive des matériaux, leur stockage et leur distribution au sein de la zone dense, de plates-formes de préparation des bétons prêts à l'emploi au plus près des zones de projet, ou encore de plates-formes de tri des matériaux contenant de l'amiante et de valorisation des déchets du BTP.

 

Une problématique qui ouvre celle des friches et sols pollués, thème au menu du prochain séminaire en 2013 sur le Grand Paris organisé par la préfecture.

 

(*) Les organismes ayant participé aux travaux de la mission d'expertise de la DRIEE: CERC, CNDB-FFB Bois, CSTB, DGALN/DEB, DRIEA, DIRECCTE, FCBA, FEDERC, FFB, FTP, IAU, SGP, SNBPE, SNCF, SNED, SNIP, SRBTP, UNICEM.

 


Une forte demande en béton et besoin de main d'œuvre
D'après les premières estimations faites dans le cadre des réflexions engagées par l'Etat, la demande totale de bétons prêts à l'emploi (BPE) par an devrait connaître une augmentation de l'ordre de 70% par rapport à la consommation de 2008 qui a été la dernière année à forte activité avec saturation des capacités en Île-de-France. Aux dires des experts, la réalisation optimale du Grand Paris pourrait nécessiter, en première approximation, jusqu'à 40 millions de tonnes par an de granulats, à comparer aux 30 millions de tonnes consommées en 2010, alors que la région Île-de-France est déjà lourdement déficitaire (près de 50% des granulats sont importés).

 

Au-delà des questions liées aux besoins en matériaux et à la chaîne logistique, les projets de construction du Grand Paris s'inscrivent dans une logique de filière économique dans laquelle se pose aussi la question de l'emploi. "Aujourd'hui 98% des 70.000 entreprises de bâtiment d'Île-de-France emploient moins de 20 salariés", conclut la préfecture de Région.

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